Extrait du journal

Nous sommes au chaud dans nos villes. Il peut pleuvoir à seaux, le pavé ou le bi tume restent Ixms sous le pied. S’il fait grand vent nos hautes maisons le cuupent. Vue le froid pince, un a l’abri du Métro, dus églises honnêtement chauffées, et. pour les plus aisés, de maints cafés et bars pleins de lumière et de bruit. Mais, en Beauce par exemple, la vie est. par ces temps gris, et après es pluies, beaucoup moins couette qu ici Bien sùr ! il y a toujours le paysage ; immense, nuancé, maritime. Seulement le sol a un sacré poids ! On ne lait point un pas sans en enlever un morceau et il n’y a pas à s’étonner qu'il soit bon pour y faire pousser des betteraves, car c'est de la belle mélasse. D’ailleurs on ne voit pas grand monde. Ici et là, une carriole attelée d'un gros cheval blanc surgit et disparaît avec soudaineté. C’est le désert, et l’homme n’a laissé d’autres traces de son passage sur la terre abandonnée que (pas partout encore !) des petits tas noirâtres de fumier. La Beauce verte Badaud, j'étais venu pour voir la neige. De fait, lorsque j’arrivai celle qui avait tombé était encore là mais il n’en était pas tombé beaucoup. Cela faisait un semis gracieux, bien différent de l'étendue blan che et grandiose que j'avais imaginée. Ma surprise fut de trouver, en hiver, la Beauce verte. Oui, verte pour moitié, comme sont nos champs de l’lle-de-Fiance, au printemps, lorsque les blés commen cent de montrer leurs brins follets. Je dis, par moitié, parce que l’autre partie du sol. frai, bernent labourée et mouillée par les pluies récentes, est d'un brun tirant sur le grenat. Cet ensemble de couleurs a un charme gamin qui met l’esprit dans un état de gaieté discrète. Sous ce ciel gris kqui serait...