Extrait du journal

S’il fallait expliquer ce titre, j’invoquerais la fleur mystérieuse qui à deux poètes du moyen âge. Guillaume de Lorris et Jean de Meung, inspira longuement le Roman de la Rose. Mais M. Paul Eluard n’écrit pas un roman. De cette rose de nos rêves, il laisse sans y toucher s en voler les pétales, car u il faut effacer le reflet de la personnalité pour que l inspiration bon disse à tout jamais du miroir ». Scs vers sont cadencés sur le souffle de 1 air et ce sont des touffes d’images qu’ils nous jettent publique ment au visage, nous tommes aveuglés, nous y perdons haleine, et c’est ainsi que nous par venons, nous aussi, à ! oubli de nous-mêmes : u Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. » J’en ai pu, au passage, ramasser quelquesunes : Fragile douloureuse et marquée à l’épaule Des cinq doigts qui l'ont possédée. Ne croirait-on pas un de ces fragments des poètes lyriques de la Grèce, échappés à la dé chirure des papyrus, et plus brillants encore d’ètre détachés du contexte } Mais ici c’est l’auteur qui cueillant en lui-même cette vision instantanée, la laisse hors du temps, et sans ex plication. Celle-ci, plus achevée, n’est pas moins hal lucinatoire : Ses mains sont vices De craies mains de sarcleuse Tissées d’épées...