PRÉCÉDENT

L’Ère nouvelle, 19 juin 1925

SUIVANT

URL invalide

L’Ère nouvelle
19 juin 1925


Extrait du journal

çdttorial Ainsi que nous l’avions fait prévoir, la Chambre a rejeté la proposition de M. Renaudel, tendant à instituer le régime de la représentation proportionnelle intégrale. Nous croyons savoir, d’autre part, que le gouvernement est décidé à déposer, à très bref délai, un projet de loi rétablissant le scrutin d’arrondissement et à poser la question de confiance sur le vote de ce projet. Ainsi, la situation parlementaire deviendra lumineuse et chaque parti sera libre de se» alliances. Cette liberté# nous parait indispensable à l heure où la Chambre va avoir à prendre une des plus graves responsabilités qui soient. Il semble, à cet égard, que nos amis d ex trême gauche ne se rendent pas un compte exact de la situation dans laquelle se trouve le ministre des finances. Celui-ci est comparable à un mécanicien qui prendrait le départ sur une automobile puis sante pour une course difficile. Avant de met tre la voiture en marche, il aurait le devoir d éprouver d’abord le moteur et de vérifier le jeu du volant et des pédales. Que penserait-on d’un spectateur qui ose rait lui crier : « Vous perdez du temps ». M. Caillaux est, aujourd’hui, victime d une intrigue de couloirs totalement dépourvue de grandeur. Que les conjurés prennent garde d’en traîner leur parti dans une aventure où il ne manquerait pas de sombrer ! Le discrédit qui s’attacherait à leur per sonne ne tarderait pas à gagner la majorité tout entière .Que l’on songe, en effet, que le gouvernement, si la crise se prolonge, va être obligé de demander un nouveau douzième. Après cela, qu’est-ce que la Chambre ac tuelle aura à reprocher à la Chambre du Bloc National ? Nous attendons des éléments les plus avancés du Cartel qu’ils fassent preuve de plus de courage et de plus d’abnégation. Depuis des mois, la France est comparable à un malade qui a besoin d’une opération, j Ceux qui soignent le malade, justement in- j quiets, réclament avec insistance le chirur- i gien. Le chirurgien arrive, et, au lieu de le laisser intervenir suivant les règles de son art, ! on commence par lui demander compte de ! son école, et par ouvrir, au lit du patient, un j débat qui n’aurait d’intérêt qu à l’Académie j de Médecine. Pendant ce temps, naturelle- i ment, la gangrène gagne le corps entier. Tout | ceci n’est ni très sérieux ni très rassurant. I! est nécessaire, selon nous, que cette crise i sorte de l’ombre des commissions et soit portée à la lumière crue de la discussion. C’est à la tribune surtout que M. Caillaux doit des explications au Parlement c’est quand il descendra de la tribune ffg que les partis auront à se prononcer, face au pays ! L’IMPROMPTU DE MONTMARTRE La vertu récompensée A Paris, le personnel de la T.C.R.P. s’a muse aux courses de lenteur que vous savez, pour le plus grand dommage d un public tra vailleur qui n en peut mais, quelque habitué qu’il soit à se voir pris entre l enclume et les marteaux, avec ou sans faucille. Dans le même temps, nous apprenons l’heureux sort échu à famés (Ira}), receveur d autobus à New-Yotl ù qui une vieille dame, en gratitude de la cour toisie dont il ne cessa de faire preuve à son égard au cours du service, vient de léguer quelque cent mille francs. On en peut inférer que l’urbanité est assez rare chez le personnel des transports améri cains. Si, en effet, cette qualité y était gé nérale, tous les dollars du Nouveau Monde seraient insuffisants à la récompenser. Mais on ; aurait tort, sur le même propos, de décréter que la politesse est absente de nos véhicules publics, on l’a bien vu lors du concours orga nisé par l Œuvre. Seulement, personnel et voyageurs ne sont que des humains, soumis aux variations d’humeur inhérentes à notre nature et aggravées par les soucis du moment. Des uns et des autres, donc, on ne saurait trop exi ger. D’ailleurs, sur certains parcours, leur force d’inertie est annihilée par la force des choses : sur les grands boulevards, par exemple, ils ne Vont pas plus lentement que jadis, et pour cause Et quant aux autres points, s’ils ne vont pas un train d'enfer, ils nous évitent les se cousses cahotiques et les virages renversants. Si, mauvaise humeur à part, les employés de la T.C.R.P. se décidaient à nous conserver cette prévenance, puisque, à leur dire, elle ne fait quobéir strictement aux ordres reçus, il y au rait lieu de s’en réjouir et de les en féliciter. Et qui sait peut-être quelque voyagera re connaissant leur léguerait-il, individuellement ou non, une petite fortune, ce qui serait jus tice... Seulement, voilà : les mécènes susceotibles d’une telle générosité se raréfient, en France, de joxn en jour, Ef quand, par hasard, il en reste, il ne prennent pas l’autobus ! Charles CLUNY...

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

En savoir plus
Données de classification
  • caillaux
  • renaudel
  • painlevé
  • vachet
  • ranc
  • krim
  • paul faure
  • kings
  • mordant
  • piat
  • france
  • poitiers
  • beauvais
  • paris
  • chambre
  • mac donald
  • new-york
  • bay
  • chambres
  • marmande
  • r. p.
  • ligue des droits
  • la république
  • parti socialiste
  • parlement