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L’Ère nouvelle, 23 août 1934

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L’Ère nouvelle
23 août 1934


Extrait du journal

Les communistes invitent donc les radicaux à s’unir aux socialistes et à eux-mêmes. Ils leur proposent une alliance. Ils leur font entrevoir la possibilité de leur désistement électoral. Ils voudraient en un mot leur persuader d’entrer dans le front commun. Et pourquoi ? Pour lutter, disent-ils, contre le fascisme et contre la guerre. Le but est louable, sans doute, et la tactique est habile ; les radicaux ont, en effet, toujours été des adversaires irréductibles du fascisme, dont, dans d’autres pays, les extrémistes ont, par leur agitation et par leurs désordres, facilité le succès. Les gouvernements radicaux n’ont cessé, aussi, de poursuivre une politique de paix qui n’a pas toujours été aidée cependant par l opposition communiste.Et enfin le parti radical a été avec constance le défenseur énergique de ces libertés démocratiques dont, par un singulier retour des choses, les communistes se disent aujour J hui partisans sincères. Pour toutes ces raisons nous n’aurions donc qu a nous féliciter des heureuses dispositions du parti communiste si les moyens qu’il proposait pour mener une action commune ne nous appa raissaient à la fois illusoires et dangereux et si les conditions de cette action commune n étaient tout bonnement inacceptables. Ces moyens, quels sont-ils ? Poursuite d’une série de réformes, nous dit-on, telles que la ré duction des heures de travail dans l’industrie, le rétablissement des traitements et des salaires, la réduction des fermages, l’ouverture de travaux d utilité ouvrière, etc. Tout cela sans doute est fort séduisant. Mais avec quel argent fera-t-on ces réformes ? Où trouvera-t-on les recettes correspondant aux dé penses ? C’est une question que le parti radical, parti de gouvernement, a coutume de se poser, lin aime point les promesses inconsidérées et il ne prend que les engagements qu’il est assuré de tenir. Par ailleurs si le parti communiste, en propo sant ces diverses mesures qui n’ont, à coup sûr, rien de révolutionnaire, en renonçant aussi à la lutte de classes, fait preuve d’un singulier op portunisme, il n’abandonne pas cependant cer tains articles inacceptables pour les radicaux. C est ainsi qu il réclame l’indépendance des colonies, l’autonomie de l’Alsace et de la Loiraine, l abandon de la défense nationale, la lutte contre le gouvernement et les décrets-lois, la représentation proportionnelle enfin et la dis solution des Chambres. L abandon de la défense nationale ? Mais n est-ce pas le plus sûr moyen de faire de la France la proie de ces fascismes, qu’on veut combattre au dedans ? La lutte contre le gouvernement ? Mais n’estce pas demander aux radicaux de renier leurs chefs et de se blâmer eux-mêmes ? h on vraiment, les propositions et les offres des communistes ne sont guère sérieuses, et tout ce qu on en peut dire, c’est que ce n’est point par une politique démagogique ou révolution naire qu on luttera contre le fascisme. Seulement s’il est impossible pour les radiciaux d’envisager un front commun socialiste, communiste et radical, ce n’est pas une raison pour demeurer inactifs et pour n opposer au fas cisme ou au marxisme que la dispersion des forces républicaines et la division des démocrates....

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

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