Extrait du journal

AU FIL DES JOURS La façon de donner Bien que nous ne soyons pas en semaine de bonté, la générosité a augmenté à Paris — et dans toute la France — au cours de ces derniers temps. Les pauvres et les égli ses sont prêts ù en témoigner : jamais ils ne reçurent autant de monnaie. Quel souffle miséricordieux nous a donc soudain penchés sur la misère d’autrui ? Quelle foi charitable nous a si spontané ment inspirés ? Quelle ardeur ù faire le bien nous a brusquement animés ? Fst-ce l’approche d’un cataclysme ? Les pythonisses ne nous ont cependant rien ré véle de semblable. Fst-ce un accroissement impressionnant de la détresse humaine ? Tout paraît normal ù cet égard d’autant plus que, de ce côté, nous ne sommes guère portés vers la prodigalité. Alors ? La cause est moins noble et beaucoup plus humaine ce qui nous rassure. Les pièces de monnaie belges et italiennes ont été mises hors de circulation. Que faire de ces jetons sans valeur ? On a bien essayé de les pas ser en fraude à la caissière du métro ou \ la marchande de journaux ; mais rien à faire, « elles ont l’œil ». Alors, on s’est fait généreux — oh ! juste le temps d’écouler sa mauvaise monnaie. Un curé disait l’autre jour qu’il avait trouvé dans ses quêtes 500 francs de sous belges et 250 francs de sous italiens. Et de vant cette avalanche de nickel et de cuivre, force lui fut de prévenir ces ouailles « que ces dons généreux conduiraient tout droit à la faillite le denier du culte et leur pasteur ». AJAX....