Extrait du journal

La nouvelle apparaît invraisemblable, et, pourtant, il n’est pas impossible qu’elle soit vraie. On annonce, pour nous plaire,qu’un Musée du Costume serait prochainement créé. Nous nous demandons si les circonstances sont par ticulièrement propices. Nous nous demandons si l’argent coule avec assez d’abondance pour que cette création soit largement « financée ». Mais nous devons constater que la création, en soi, est excellente. On est même fondé à manifester de la surpi ise que cette création n’ait pas été réalisée depuis longtemps aux époques faciles et heureuses. Hélas 1 nous n’avons pas su dépenser alors que nous étions incontestablement ri ches. Et nous manquons d’institutions utiles et honorables, qui ont été établies dans des pays qui étaient moins riches que le nôtre. Réjouissons-nous toutefois si le Musée du Cos tume ouvre bientôt ses portes. On affirme que ses portes seraient celles de l’ancien hôtel de l’ambassade des Etats-Unis. Bon quar tier, quand il n’est pas encombré par une Exposition vainc ! Il y a certainement quelqu’un qui se réjouit plus que nous de la création du Musée du Costume, c’est l’être privilégié qui en sera le conservateur. Voilà un gaillard qui aura réussi une loyale et agréable affaire en des heures ingrates 1 Enfin, il faut le voir pour le croire ! Mais le Musée du Costume nt peut qu’en chanter les esprits en attendant qu’il en chante les regards. Et il constituerait un hommage à une des moins contestables supé riorités françaises. Le costume, qu’il soit masculin ou féminin, c’est la mode. Or, la France a une suprématie avérée en matière de mode. Elle garde encore cette suprématie. Il n’est pas mauvais qu’elle souligne qu’elle garde cette suprématie, et qu’elle souligne...