Extrait du journal

était bien loin de se douter qu elle épousait un artiste, et quand la vocation se déclara, dix ans plus tard, le malentendu, malgré leurs ef forts devint bientôt inévitable. Un voyage à Copenhague, auprès d’une belle-mêre qui ne plaisantait pas sur les convenances ni sur les questions d’argent, l’avait aggravé, et c est ainsi qu en juin 1885, Gauguin avait pris le chemin de Paris, emmenant avec lui un seul de ses enfants, le petit Clovis. Ce furent des années terribles, dont on peut juger par les lettres de Gauguin à sa femme ; Actuellement, Clovis est couché sur son petit lit que j’ai loué, et moi sur un mate las. avec une couverture de voyage. Nous gelons, la nuit, et je n'ai j as un sou pour acheter des couvertures. Gauguin résiste, l'enfant tombe malade. Il ne devait pas vivre longtemps, le pauvre petit, mais un mieux s’est produit, et le père ne se laisse pas abattre : Clovis va beaucoup mieux. Il joue, en ce moment, avec des journaux qu’il découpé. Tu as tort de me croire découragé. Je suis sans argent, c’est vrai, mais j’espère en gagner un jour assez pour être libre, et surtout tranquille. Ne te désole pas si tu ne peux m'être utile. Je ne te demande rien. Plutôt que de lui demande rien, il accepte un gagne-pain. Laissons-lui la parole encore ; La nécessité fait loi, quelquefois aussi elle fait sortir l’homme des limites que la société lui impose. Lorsque le petit est tombé malade de la petite vérole, j'avais vingt centimes dans ma poche et nous mangions à crédit depuis trois jours du pain sec. Affolé, j’eus l’idee de me propo ser à une société d'affichage dans les u*-...