Extrait du journal

— et de plus rare, — c'est qu'elle était présidée par un dramaturge, et non des moindres, M. Paul Hervieu. Qu'un auteur soit loué par un critique, cela se voit quelquefois, et même assez souvent. Mais qu'un critique soit loué par un auteur, c'est là, sans doute, un phénomène exceptionnel. M. Paul Hervieu avait gracieusement assumé cette tâche délicate ; il s'en test acquitté avec beaucoup d'esprit. « Je considère, a-t-il dit, la réunion confraternelle d'aujourd'hui comme une halte, avec buffet, dans la carrière si active de celui que nous fêtons. » Puis, s'appliquant à définir le rôle de l'écrivain chargé d'apprécier les productions littéraires, il a énuméré ses qualités professionnelles : « La conscience, la sympathie, enfin cette bonté sans laquelle il ne saurait y avoir de critique éclairée. » Voilà qui est parfait. Un tel programme obtient, théoriquement, tous les suffrages. Mais l'application n'en est pas aisée. L'équité suppose la réflexion. Or, par le temps qui court, on n'a guère le temps de réfléchir. Vous savez que les critiques se divisent en deux groupes: les lendemainistes et les lundistes. Les lundistes forment un petit clan, un corps distingué, mais minuscule : les lendimainistes sont aussi nombreux que les étoiles du ciel ; ils constituent le gros de l'armée; ils ont sur leurs voisins l'avantage numérique; ils comptent d'ail-...