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Les Annales politiques et littéraires
Les Annales politiques et littéraires
Les Unes emblématiques de ce titre de presse
Les Annales politiques et littéraires sont lancées en 1883 sous l’impulsion de Jules Brisson. Grand public, la revue connaît une certaine renommée auprès de la petite et moyenne bourgeoisie de province, favorable aux républicains modérés. Une audience qu’elle s’efforce de séduire toutes les semaines via une ligne éditoriale de proximité. Le journal devient bimensuel à partir de 1927, mensuel en 1950 et cesse de paraître aux abords des années 1970, après près d’un siècle de publication.
Se presentant dès le premier numéro comme une « revue populaire paraissant le dimanche » et proposant aussi bien des oeuvres littéraires que des chroniques politiques, historiques et grand public, la revue connaît une vive renommée auprès de la petite et moyenne bourgeoisie de province favorable aux républicains modérés. En 1907 le journal fonde « l’Université des Annales », établissement où sont dispensés des cours et conférences en majeure partie destinés aux femmes.
Jules Brisson (1808-1902) est un journaliste chevronné. En 1883, il a déjà fondé plusieurs feuillets ; Les Salons de Paris ou encore Le Journal des Affaires et bénéficie de fortes assises dans les milieux éditorial et financier. Il jouit d’une expérience considérable et d'un réseau professionnel particulièrement dense peuplé d'hommes de lettres et de républicains modérés, principal lectorat des Annales.
Un éditorial non signé sur les questions politiques de la semaine ouvre chaque dimanche la revue. S'ensuivent alors une multitude de chroniques – genre phare de l'époque – sur le théâtre, la musique, la politique. Et la littérature. Les Annales font la part belle à l'art et ce faisant, deux éditions distinctes sont disponibles dans les kiosques. La première – ordinaire – est vendue par un système d’abonnement annuel à six francs tandis qu’une seconde édition améliorée – au prix affiché de 10 francs – est agrémentée bien souvent de photographies d’œuvres ou de monuments. Le contenu se veut pluridisciplinaire et hétérogène mais prend le parti de la vulgarisation culturelle, un contre-pied assumé face aux publications élitaires des concurrents tels que la Revue politique et littéraire.
La qualité des collaborateurs et leur notoriété participa amplement au succès des Annales. La diversité était de mise, tant sur le point littéraire qu’idéologique. Se confrontaient alors les débats et idéaux des vedettes du journalisme parisien ou des Lettres à l’instar de Francisque Sarcey, Anatole France, Alphonse Daudet, Camille Flammarion ou encore le républicain modéré Raymond Poincaré. D'autres collaborateurs réguliers venaient assurer une certaine fidélité et proximité avec le lecteur, notamment le docteur Pérussel, chargé de la rubrique médicale hebdomadaire.
La prospérité des Annales repose ainsi sur une logique de proximité avec son lectorat et une implacable gestion financière. Dès le mois de mai 1883, Jules Brisson fonde la Société Anonyme des Annales politiques et littéraires au capital de 100 000 francs. Dans le même temps, il émet des actions et capitalise ainsi un journal fondamentalement indépendant de tout éditeur ou mécène. Après de timides esquisses, les dividendes s’envolent. Les Annales sont une bonne place financière.
Elles figurent parmi les revues les plus prisées de la Belle Epoque, l’on dénombre près de 4 000 abonnés en 1883 et 50 700 en 1890. Lorsqu’Adolphe Brisson (1860-1925) – fils du susnommé Jules – reprend la direction du journal en 1902, les tirages dépassent les 100 000 exemplaires. La popularité va croissant puisque les ventes avoisinent les 170 000 exemplaires en 1910 pour légèrement fléchir en 1912 avec un total de 138 000 éditions vendues.
D’abord antidreyfusard – non sans avertir ses lecteurs des dangers de l’antisémitisme – le journal revient sur sa position après la publication de la lettre de Zola en janvier 1898. Partisanes d’une modération à tous points de vue, Les Annales se préservent d’une quelconque opinion sur ladite Affaire, se contentant de vagues allusions partielles et prudentes. Adopter une position de repli et laisser le débat aux autres.
Le 27 janvier 1907 marque l'apogée des Annales avec l’inauguration de leur nouveau siège au 51 rue Saint George et l’ouverture de "l’Université des Annales" sous la direction d’Yvonne Sarcey-Brisson (1869-1950) - fille de Francisque Sarcey et épouse d'Adolphe Brisson. Ces cours et conférences étaient en priorité destinés aux femmes pour leur dispenser les « connaissances spéciales qu’une future maîtresse de maison, qu’une future maman doit posséder », confiait Alfred Mézières (1826-1915) lors du discours inaugural. En parallèle sont lancés les « Cercles des Annales » à Nice ou encore à Marseille et Bordeaux pour instaurer un semblant de communion entre les lecteurs ainsi qu'une version retrancrite des conférences intitulée Le Journal de l’Université des Annales – rebaptisée Conferencia entre 1919 et 1940. Le développement de ce supplément permit à un grand nombre de provinciales de concourir en fin d'année et d’obtenir leur diplôme.
En 1917, les ventes sont toujours au beau fixe, le journal tire encore à 200 000 exemplaires. La direction reste aux mains de la famille Brisson puisque Pierre – le fils d’Adolphe et futur directeur de la rédaction du Figaro – devient secrétaire de rédaction en 1919 et reprend l’administration de la revue de 1925 à 1934 – devenue bimensuelle en 1927. Suivra Gérard Bauër (1888-1967) – chroniqueur et éditorialiste au Figaro – de 1934 à 1940. Après quatre années de silence, la publication de la revue et la tenue des conférences reprenennent sous l'égide d'Yvonne Sarcey. La publication des Annales devient mensuelle en 1950 avant de choir définitivement dans les années 1970 tandis que la retranscription de l'Université est confiée au Figaro en 1972 sous le titre des Conférences du Figaro.