Extrait du journal

_ ÉMOTION que la France a* ressentie devant la catastrophe qui a coûté la vie à quatre de ses enfants n'est pas une douleur banale... Ce. n'est ni l'épouvante qui naît des cataclysmes de la nature, ni l'accablement qu'éveille le spectacle de la mort Il s'y mêle de l'enthousiasme, une sorte de fierté virile, — un peu le mâle regret du vieil Horace quand il apprend la mort de ses fils... Nous pleurons Marchal, Chauré, Vincenot, Réaux, mais nous comprenons que ce serait les outrager que de verser sur eux trop de larmes. Ils valent mieux que cela; ils ont rempli leur devoir; ils sont tombés, comme on disait jadis, au Champ d'honneur. On les salue. Leur mémoire, désormais, est sacrée. Leur fin tragique, bien loin de décourager ceux qui les suivent, excite une véritable émulation. Demain, vingt, cent soldats se disputeront la gloire d'affronter le même péril; fussent-ils assurés de succomber, qu'ils n'hésiteraient pas; ils prendraient d'assaut la nacelle du dirigeable, ils s'élanceraient allègrement vers l'inconnu, vers l'azur, vers l'abîme... On cite ce mot crâne et charmant d'une des victimes, l'adjudant Réaux.;. Lorsque le dirigeable, au mois d'août dernier, faillit se déchirer aux arbres du bois de Clamart: - Encore manqué d'y rester... La prochaine fois, ce sera la bonne, s'écria-t-il avec son accent blagueur de gamin de Paris....