Extrait du journal

Souvent, il fut persécuté. Un jour, MM. les médecins s'avisèrent de le déclarer pernicieux. Ils lui attribuaient — au rouge, surtout ! — d'incroyables maléfices. A l'extrême rigueur, ils absolvaient le sauternes, mais condamnaient le margaux. Ils conseillaient, d'ailleurs, de s'abstenir de l'un et de l'autre. Leurs ordonnances furent docilement suivies. Les courants, chez nous, sont prompts à se former. L'opinion se répandit que la liqueur jaillie des grappes mûres était indigeste, lourde à l'estomac, qu'elle irritait les nerfs, que d'elle naissaient la gastralgie, la névralgie, la céphalalgie et toutes les infirmités dont la fureur de M. Purgon menace le malade imaginaire. Quand, au début du repas, vous demandiez à votre voisine, avant de remplir son verre : «Du rouge ou du blanc? ", elle vous répondait avec une vivacité où il entrait de l'horreur et de la crainte : —Je ne bois que de l'eau....