Extrait du journal

perbe sera abaissée et vous deviendrez, comme moi, végétarien. Il est dur de renoncer aux plaisirs qui rendent la vie aimable. S'il faut s'écarter d'eux prématurément, c'est parce qu'on les a un peu trop aimés. Il est inévitable et nécessaire que la privation suive l'abus. Les premiers mois sont pénibles. (Le condamné ne se soumet pas d'abord, mais chacune de ses désobéissances ayant pour conséquence un cuisant malaise, il se résigne. Bientôt, il n'y pense plus. Il oublie. Il adora jadis îles savantes épices et les coulis onctueux. Cependant, la sensualité, privée de ces délices, ne meurt pas complètement. Elle essaie de se satisfaire sans péril. Et même, obligée de se contenir, elle s'affine. Les légumes mijotés, mouillés d'une sauce succulente, peuvent faire illusion et duper le palais. Il apprécie bien mieux leur fraîcheur et leur arôme quand ils sont servis avec le seul assaisonnement de trois grains de sel et d'un morceau de beurre honnête...