Extrait du journal

« Giton vient de mourir, chargé d'ans et de biens. Il laissé après lui d'énormes richesses, qu'il eût le mérite d'amasser et d'accroître par son travail. Il eut d'humbles débuts. Fils de paysans, médocrement cultivé, doué d'une intelligence éveillée, d'une invincible énergie, et, sans doute aussi, de cette patience et de cette ténacité qu'il tenait de ses origines, dès son extrême jeunesse , il se rendit à Paris dans l'espérance d'y faire fortune. Il entra comme petit commis chez un marchand, et s'astreignit aux besognes les plus rudes, balayant la boutique et couchant sous le comptoir; son zèle fut récompensé et lui valut de se hausser à l'emploi de commis' principal. Mais l'ambition naissait en lui avec le succès. Il résolut de se pousser dans le monde ; il obtint d'une dame de qualité une lettre de recommandation, qu'il alla porter au puissant financier Isaac Pereiré ; il sut le convaincre de l'excellence de ses projets et obtenir qu'il les favorisât; il prit à bail un immeuble et y établit ce genre de commerce qu'on nomme « bazar » ou « magasin de nouveautés ». Comme il n'avait que peu d'argent; il s'enquit d'un associé qui pût unir ses ressources aux siennes propres ; il le découvrit, avec le secours d'un perruquier de ses amis. Tous deux mirent en commun leur économies, leur...