Extrait du journal

ma mémoire de chers souvenirs. Je revois le coin solitaire et charmant, tout en haut de la Comédie-Française, où besognait cet impeccable érudit. II vivait là, parmi les livres, heureux, compulsant des registres, classant des papiers, voué exclusivement au culte' du dieu dont il s'instituait le ministre humble et fervent. Il aimait Molière d'un amour si passionné qu'il avait fini par lui ressembler. Ses longs cheveux en forme de perruque, ses fines moustaches brunes, ses épais sourcils, son teint pâle, l'éclat de ses yeux noirs, ressuscitaient l'image du Contemplateur. Il ne pensait qu'à lui, ne travaillait que pour lui. Vers lui tendaient ses voeux, son constant effort. Afin de l'hodorer, il fonda' le Moliériste, curieux petit journal plein de renseignements, de documents, de miettes d'histoire. Chaque année, le: 15 janvier, les fidèles s'assemblaient, sous sa présidence, dans un dîner commémoratif. Que d'innocentes et pieuses joies!...