Extrait du journal

CURIEUSE et édifiante histoire que celle de M. Julien Bucas et de feu M. Quittner, de Vienne. Vous en avez lu les détails dans les journaux. M. Julien Bucas est peintre. Il a dû lutter, au commencement de sa carrière, contre les mille difficultés qu'affrontent les débutants : manque de relations, pénurie d'argent, nécessité de gagner le pain quotidien. Il besognait bravement, obscurément, attendant le coup de chance qui, parfois, vous met à flot. Et voici que la Fortune, un jour, semble lui sourire. Il voit arriver, dans son humble atelier, un monsieur aimable et chic, qui. l'accable de louanges, se fait montrer des toiles et les paie rubis sur l'ongle, sans marchander. La distinction du visiteur, sa libéralité, tout - jusqu'au léger accent exotique qui colore ses discours — impressionne, éblouit le jeune rapin. Plus de doute. Ce M. Quittner est l'opulent collectionneur étranger, suprême espérance des artistes, et que la Providence, de temps en temps, leur envoie pour les consoler de leurs déboires. M. Julien Bucas éprouve un ravissement d'autant plus vif que M. Quittner s'exprime intelligemment sur la peinture. Ce n'est pas un ignorant. Il s'y connaît. Il en parle presque comme quelqu'un du métier....