Extrait du journal

selon le mot de Lavedan, est prodigieusement. dénuée de timidité, dépouillée de cette courtoisie déférente qui constituait la base de ce qu'on appelait, autrefois, la " bonne éducation ". Elle ne s'incline pas devant le talent: elle le conteste, ni deVivant le caractère: elle traite volontiers de duperie le scrupule d'une conscience délicate... Cependant, lorsque le caractère et le talent s'associent- ce qui est assez rare - dans un même individu, l'union de ces qualités l'impressionne. Elle accorde à toutes deux ce qu'elle eût refusé séparement à chacune. Et je crois bien que tel fut, vendredi dernier, le sentiment de la Chambre. Elle honorait e M. de Mun, d'abord, un des princes de l'élot quence, et, plus encore, peut-être, l'ancien soldat, l'homme sincère, le bon Français. C'est, en effet, sur le champ de bataille, que la sensibilité du comte de Mum s'éveilla. Sa jeunesse semble - selon la jolie définition de Maurice Barrès - une épopée héroïque et virgilienne, le poème de l'amitié dans les paysages de la guerre. Albert de Mun et René de la Tour du Pin font campagne ensemble en 1870, et lient une" fraternité d'armes qui se prolongera en fraternité d'idéal. Nous sommes au 16 août, dans la plaine de Rezonville, au plus fort de l'action, à l'heure où il semble que la victoire ne puisse échapper à la France. Le lieutenant de chasseurs de...