Extrait du journal

Il s'agit du droit des pauvres. Vous savez en quoi il consiste. Sur la recette brute, onze pour cent sont prélevés chaque soir et versés dans les caisses de l'Assistance Publique. Or, les entrepreneurs de spectacle endurent impatiemment cet impôt. Depuis bientôt quatre siècles qu'il est établi, ils ne cessent de s'en plaindre et d'en réclamer l'abolition. Finalement, ils ont décidé que des spectateurs en assumeraient la charge. Désormais, ceux-ci seront astreints d'ajouter au prix du billet une somme supplémentaire destinée à assouvir les appétits désintéressés et insatiables de M. Mesureur. Le droit des pauvres continuera d'être perçu, mais l'argent ne sortira plus de la même poche. C'est le public qui « casquera »... Cela équivaut à majorer sournoisement, hypocritement, le prix des places... Le public a bon caractère; pourtant, il pourrait ne goûter qu'à demi cette mauvaise plaisanterie et prendre fort mal la chose... Les directeurs de théâtre se moquent de lui... Qu'arriverait-il si d'autres commerçants suivaient leur exemple ? Les conditions de la vie seraient bouleversées, toutes les marchandises renchériraient...