Extrait du journal

que je voudrais analyser. Cette pièce est moins une comédie qu'une série de tableaux où défilent des figures parisiennes. M. Abel Hermant a une connaissance approfondie de ce monde qui constitue la façade brillante et un peu vaine de la grand'ville, de cette agglomération où se coudoient le vice, l'oisiveté, l'ennui résultant de l'excès de richesse, le snobisme provenant des efforts tentés pour chasser L'ennui. Vous n'avez rien à faire ; vous cherchez à vous distraire; vous vous enquérez du genre de plaisir qu'il est de bon ton de rechercher; vous suivez le courant. Vous devenez snob. C'est un peu tout cela que nous montrent les auteurs du nouvel ouvrage. Et, d'abord, ils nous donnent une idée du luxe, du luxe effréné qui est l'un, des traits essentiels de la vie moderne. La valeur de l'argent a changé. Peut-être en' gagne-t-on davantage, le gagne-t-on plus aisément. Mais avec quelle facilité on le gaspille ! Nos habitudes traditionnelles d'ordre et d'épargne vont se perdant. Je me rappelle que ma mère, une bourgeoise de la vieille roche, considérait de loin, comme choses quasi fabuleuses, ces magasins des couturiers célèbres qui n'avaient pas atteint encore leur degré actuel de prospérité et de splendeur. L'idée que l'on pût se faire habiller par un homme scandalisait cette honnête mère de famille, et que l'on pût dépenser plus de cent cinquante francs pour une robe effarouchait ses instincts d'économie. M. Abel Her-...