Extrait du journal

sance à nos goûts présumés. Il y a du romantisme dans l'air, et ces jeunes gens reconnaissent Musset comme un des leurs. Le cardinal Cibo, Fantasio, Perdican, Camille, Mariane, Octave, sont revenus devant nous. Une fois au moins, le rôle de Camille m'a paru joué avec une intelligence et une sensibilité charmantes, par une jeune fille et non par un dragon. Au lieu d'effets de théâtre, on voyait, pour ainsi dire, la palpitation de celte petite âme anxieuse, qui devine le monde, ne le connaît pas, soupçonne qu'il est brutal, et interroge, avec une droiture naïve, l'expérience de Perdican. La scène célèbre du second acte, avec les questions hardies de Camille, les réponses gouailleuses de Perdican, le trouble accru de l'un et de l'autre, et bientôt la querelle dont ils masquent leur amour, est une scène entre deux enfants. Elle est violente et naïve comme eux. C'est pourquoi elle est toujours mal jouée. Au Conservatoire, elle redevient naturelle. Ces jeunes gens peuvent apprendre à leurs maîtres comment on doit la jouer. C'est le plus candide des dialogues sur la destinée. Ces textes-là ne sont point l'affaire d'acrobates décrépits....