Extrait du journal
rayons du soleil tombent comme des tlammèches de feu sur le crâne des voyageurs. Tout le monde se souvient que le mois de juillet de Tannée 184'.) fut signalé par d’intolérables chaleurs ; personne ne sera donc surpris d’ap prendre que, le dimanche 12 juillet 184V, la voi ture qui fait chaque jour le trajet d’Auxerre à A vallon roulait avec une lenteur «pii dénotait que le conducteur et les chevaux étaient plongés dans une somnolence voisine du sommeil. Quant aux voyageurs, au nombre de quatre, trois étaient complètement endormis. Cette voiture, «pii rappelait assez bien les anciens coucous de la porte Saint-Denis, était divisée en deux compartiments ; le premier, re couvert. d’une capote, contenait le conducteur, petit homme à la peau tannée par le soleil et de la couleur du bronze ; ses yeux clignotaient sans cesse, et, comme s’ils eussent craint l’éclatante lumière, se tenaient plutôt fermés qu’ouverts ; de temps en temps ses lèvres s’écartaient, et, sans desserrer les dents, un sifflement sortait de sa bouche, alternant avec une espèce de cri gut tural qui avait pour but d’accélérer la marche de deux chevaux poussifs. Mais ce sifllotement et ce cri, quoique revenant à des intervalles égaux, étaient purement machinais et n’exer çaient aucune influence sur l'allure des deux bêles, qui continuaient «le trotter la tête basse et avec une altitude morne empreinte de tristesse. A côté du conducteur était assis un paysan vêtu d’une blouse bleue et d’un pantalon vert tendre, qutilque chose comme le vert des plantes de marais. A coup sûr cette couleur ôtait l’essai de quelque teinturier fantaisiste, et avait dû, par son étrangeté, «'xciter bien «les convoitises. La figure de ce paysan tenait de la fouine et du re nard. Jusqu’au moment oû le sommeil était venu l’atteindre, le chapeau de paille qui couvrait sa tète avait caché son regard oblique et faux, et un sourire, qui eût été niais s’il n’eût été le résul tat d’une volonté énergique, avait dénaturé l’ex pression «le ce visage auquel le sommeil rendait tout le caractère d’astuce, de bassesse et d’envie qui lui était naturel... Malgré son sommeil, l’hom me au pantalon vert n’avait point lâché la pipe qu’il tenait fortement serrée entre ses dents ; seulement le fourneau s’était tourné vers le sol, et le tabac s’en échappant brûlait tranquillement sous le nez du fumeur endormi. Le second compartiment, formant rotonde, contenait trois voyageurs : un bon gros curé à...
À propos
Fondées en 1843, Les Tablettes des Deux-Charentes furent une parution bihebdomadaire (puis trihebdomadaire) vendue dans les départements de la Charente et de la Charente-Maritime. Le journal disparaîtra un siècle plus tard, en 1944.
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