Extrait du journal

y a cinq ou six mois encore, c’étaient les con servateurs qui troublaient la paix ; les radicaux, eux, étaient l’élément de la tranquillité ; ils fai saient la joie et la consolation du pouvoir. Aujourd’hui, qu’en pense le Gouvernement? On annonce, au dernier moment , qu’un décret aurait été signé le 13 avril, qui convo querait les électeurs pour le dimanche 11 mai, et s’appliquerait à tous les départements, Rhône, Loir-et-Cher, Charente-Inférieure, Guadeloupe, même à la Haute-Vienne, où la vacance, par suite du décès de M. Saint-Marc Girardin, date à peine de quatre jours. On annonce, en même temps, que M. Thiers se rendra à Lille, du 20 au 25 avril. Un grand banquet lui serait offert à l’hôtel de la Préfecture par la députation du Nord et les conseillers généraux et d’arrondis sements, et il y prononcerait un discours-mani feste ! Les nouvelles de la République espagnole peuvent se résumer en ces quelques lignes, extraites d’une lettre de Madrid, du 10 : « Le Trésor public paie aujourd’hui la somme de 3,000 francs pour trois factures de coupons de consolidé intérieur. La moitié de la rente du 2e semestre de 1872 est encore à payer. Le gouvernement n’a pas d’argent pour payer les primes de la loterie du 3 avril, qui sont encore en souffrance... A la Bourse, on ne fait presque pas d’opérations. Tout le monde sait que les employés de l’Etat résidant en province n’ont pas reçu leur traitement depuis le mois de décembre dernier. » Malgré tout, les « travail leurs lyonnais » viennent d’adresser à leurs « frères » d’Espagne, ces vifs encouragements : « Citoyens, nous vous saluons et nous vous admirons. Le soleil de la liberté se lève sur vos contrées, sa lumière fait pâlir et fuir les rois épouvantés, ils laissent les hommes libres, les libres arbitres de leurs destinées... Plus d’es claves, plus de tyrans ! Tous les hommes pétris du même limon, émanant de la même essence, doivent participer d’une manière égale aux bienfaits de la nature. Que la sublime trilogie de 1789, Liberté, Egalité, Fraternité, combi née avec la solidarité des hommes et des peuples, ne soit plus un vain mot, et serve de base au lien et à l’union qui feront notre force pour la revendication de nos droits. Courage, frères espagnols, imitons nos vigoureux ancêtres et songeons que leur mémoire ne devant pas dégénérer, nous crie d’oulre-tQmbe : Vive la République universelle ! » E. Guérin....