Extrait du journal
Le Moniteur a publié le rapport dans lequel M. le ministre des finances fait con naître le résultat de l’emprunt. Il en ressort qu’il a été souscrit, par 781,292 personnes, 660,184.270 fr. de rentes 30/0, représentant un capital de 25 milliards. La somme demandée au public était, on le sait, de 450,500,000 fr., représentant 19,516,245 fr. de rente. Ainsi donc, comme le constate M. Magne, l’ensemble des souscriptions est d’environ trente-quatre fois le chiffre de l’emprunt. Jamais l’empressement du public n’avait été aussi grand depuis que le système si logique et si national des emprunts d'Etat par voie de souscription, a été inauguré en France. Il y a donc là, dans les circonstances actuelles, un fait considérable dont il con vient toutefois de ne pas exagérer le carac tère en négligeant d’indiquer les causes di verses auxquelles parait dû un succès sans précédents. Nous dirons donc très franchement qu’à nos yeux, la réussite inouïe de l’emprunt tient à des considérations bien plus finan cières que politiques. Sans aucun doute, la grande majorité des esprits a confiance dans l’Empereur et nourrit la conviction que si le moment est venu de détendre les ressorts du pouvoir personnel, la France a, d’un autre cô’é, tout intérêt à consolider la dynastie et à s'épargner de nouvelles aventures politiques. Dans telle circonstance grave sur laquelle nous n’avons pas besoin d’insister, mais dont la prévision se présentera naturellement à l’esprit de nos lecteurs, les marques d’une confiance patriotique ne feraient pas défaut à Napoléon III. Mais enfin, si l’emprunt a réussi dans des conditions aussi étonnantes, c’est surtout, à ce qu’il nous semble, parce que le placement à faire était excellent et offre une sécurité absolue, grâce à la solide constitution do notre crédit public. En outre, il ne faut pas perdre de vue que la certitude d’une réduction considérable des souscriptions supérieures à 5 fr. de rente a nécessairement conduit les souscripteurs à exagérer leurs demandes en même temps que la spéculation entrait dans l’emprunt pour une part considérable : de telle sorte que les 25 milliards offerts au Gouverne ment ne constituent réellement pas une somme disponible prête à être versée immé diatement ou dans un délai de quelques mois. Mais, en ramenant par la pensée le montant des souscriptions dans des limites possibles et probables, il ne saurait rester douteux pour personne que la France a répondu par une olfro effective de plusieurs milliards à la demande de 450 millions faite par le Gouver nement impérial. Nous disions tout à l’heure que l’emprunt réussi principalement parce que l’affaire était excellente. Ce résultat, quelque favora ble qu’il soit, suscite d’un autre côté des ré flexions fâcheuses. Il y a évidemment une masse de capitaux inactifs, qui hésitent à s’engager dans les affaires commerciales et industrielles et dans l’exploitation du sol. Les incertitudes politiques en sont la pre mière cause et, malheureusement, ainsi que nous l’avons souvent répété, il n’est pas au pouvoir du Gouvernement impérial de les dissiper par ses seules déclarations. On ne doute pas de son ferme désir de contribuer à maintenir la paix , mais on sait aussi que la cause déterminante d’une grande guerre peut surgir à l’improviste sur plusieurs points de l’Europe , sans que nous puissions rester désintéressés dans les grandes ques tions que la politique tortueuse de certains cabinets s’efforce de faire mûrir au gré de leurs convoitises. Voilà ce qui tient l’atten tion publique inquiète, ce qui arrête le déve loppement des transactions, ce qui immobi lise les capitaux. _ Quoi qu’il en soit, et sous la réserve des réflexions que nous venons de présenter tou chant le chiffre énorme des souscriptions consenties par le public, nous ne pouvons que nous réjouir de l’avertissement indirect que plusieurs gouvernements étrangers pour ront puiser dans l’issue de cette grande opé ration financière. Pour faire la guerre, et une grande guerre, il faut de l’argent, énor mément d’argent. Nous ne croyons pas qu’il y ait en Europe un autre pays que l'Angle terre qui puisse disposer instantanément des rèssources considérables que la France met trait au besoin à la disposition de la politique de l'Empereur. On prétend qu’après la re vue du 14 août, plusieurs agents diplomati ques auraient informé leurs gouvernements de l’excellente attitude de la garde nationale. Il est permis de croire que le succès de l’emprunt ne manquera pas aussi de leur inspirer quelques réflexions judicieuses. Le rédacteur-jérant : Ch. Thèze....
À propos
Fondées en 1843, Les Tablettes des Deux-Charentes furent une parution bihebdomadaire (puis trihebdomadaire) vendue dans les départements de la Charente et de la Charente-Maritime. Le journal disparaîtra un siècle plus tard, en 1944.
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