Extrait du journal
Denuis mardi, l’Assemblée nationale discute, dans le calme le plus parfait, la loi importante de la réorganisation de l’armée. Mûrement étudié par une commission de 45 membres, ce projet avait reçu l'adhésion du conseil supéiieur de la guerre et du Gouvernement actuel ayant à sa tète un maréchal de France : dès lors, le débat devait avoir une marche facile et prompte, hn elle!, la Chambre a déjà adopté les vingt-qua tre premiers articles de la loi. On suppose que nos députés pourront voter le projet en seconde lecture aujourd’hui ou demain, ce qui per mettra, après les cinq jours de délai, d’adopter définitivement la loi avant la prorogation de l’Assemblée. Les commissions, d’autre part, hâtent beaucoup leurs travaux en cours d’exé cution. Celle des marchés s’est réunie pour entendre la lecture du rapport de M. de Ségur sur les marchés conclus par les délégués du 4 Septembre, à Lille. Hier, elle a dû entendre le rapport de M. Busson-Duvivier sur le ravi taillement de Paris, qui contient, dit-on, les choses les plus curieuses sur cet épisode si con sidérable et le plus important peut-être de la défense nationale. De son côté, la commission de décentralisation a arrêté les termes définitifs du rapport de M. de Chabrol sur la loi électo rale. Ce rapport pourra donc être distribué, et, pendant les vacances, la presse étudier cette question et, sur certains points délicats, faire se prononcer l’opinion publique. Jeudi, ont eu lieu, dans les bureaux de l’As semblée nationale, la nomination de la commis sion de prorogation et de la commission qui devra étudier le projet Ernoul, ainsi conçu : « La commission de permanence exercera, pen dant les vacances de l’Assemblée nationale, le droit qui est attribué à l’Assemblée elle-même par l’article 2 de la loi du 26 mai 1819. » Le Constitutionnel énumérait, en ces termes, les avantages du projet du garde des sceaux, au point de vue conservateur : « Les banquets révolutionnaires publics ne seront pas autorisés. Les banquets qui se déguisent en réunions pri vées seront surveillés et dissous dès que leur déguisement aura été constaté. Le colportage des pétitions dans les lieux publics tels que les marchands de vins, cafés, etc., reste interdit. Le pétitionnement individuel est soumis à la légalisation des signatures. Enfin, la reproduc tion, dans les journaux, des discours injurieux pour l’Assemblée ou attentatoires à son autorité sera assimilée évidemment à la publication d’articles injurieux et poursuivie sur l’autorisa tion de la Commission de permanence. C’est là un excellent ensemble de mesures de préserva tion, qui, s’il est exécuté avec fermeté, produira les meilleurs effets au point de vue de la tran quillité publique et de l’apaisement des esprits. » Le Moniteur universel, de son côté, demandait pourquoi la Commission de permanence ne deviendrait pas « un comité de salut public, dans la bonne acception du mot ? » La grande majorité des commissaires nommés est favora ble au projet du Gouvernement. Nous sommes aussi menacés d’une nouvelle tempête parlementaire pour lundi prochain, à l’occasion de l’interpellation de M. Jules Favre sur la politique intérieure du Gouvernement, interpellation qui, selon les expressions de la Liberté, est tout simplement, a. un procès de tendance, une tentative désespérée des amis du Gouvernement déchu pour ressaisir l’influence et le rôle qui leur ont échappé. » C’est le der nier effort que les groupes de gauche veulent tenter contre le Gouvernement avant la clôture de la session, et l’on peut être certain que rien ne sera négligé pour faire réussir cette charge désespérée. Les signatures à la demande d’inter pellation sont recrutées avec une activité infatiga ble ; on prétend qu’il y en a plus de 200. Vrai semblablement, le nombre des voix recueillies au scrutin par l’opposition ne dépassera guère celui des signataires. Les feuilles radicales annoncent toutefois que les bureaux des trois groupes de gauche se sont entendus sur l’atti tude à prendre dans la discussion: leurs délé gués auraient été unanimes pour décider qu’un seul ordre du jour motivé serait rédigé et déposé au nom des groupes républicains. Ce n’est là qu’un exemple de plus de cette discipline qui distingue la gauche, et que nous avons plus d’une fois signalée à l’attention de nos amis ; ces gens-là, qu’on en soit assuré, s’entendront toujours pour renverser et pour détruire. D’après un journal, la cheville ouvrière de cette coalition serait actuellement M. Jules Simon, Erésident de VUnion républicaine et confident ien connu de l’ex-présidence : celle-ci, d’ail leurs, a trouvé moyen de placer de ses amis, de ses anciens ministres, à la tête de deux des groupes opposants ; elle ne désespère pas de s’emparer, par le même moyen, de la gauche républicaine pure. Rien de tout cela, assuré ment, n’est fait pour effrayer la majorité con servatrice ; mais ce doit être, pour elle, une leçon et un avertissement. Ce n’est plus une escarmouche, mais une attaque à fond qui se prépare : qu’elle ne néglige donc rien pour se mettre en état d’y résister. Comme le disait un de nos confrères, « il faut qu’avant de se sépa rer, l’Assemblée donne au Gouvernement, par un témoignage éclatant de sa confiance, une force dont il aura le plus grand besoin. Tous les députés qui ont à cœur l’intérêt du pays se feront un devoir d’être lundi à Versailles. x> E. Guérin....
À propos
Fondées en 1843, Les Tablettes des Deux-Charentes furent une parution bihebdomadaire (puis trihebdomadaire) vendue dans les départements de la Charente et de la Charente-Maritime. Le journal disparaîtra un siècle plus tard, en 1944.
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