Extrait du journal

Comment espérer qu’il se produise des tran sitions régulières et pacifiques entre le passé et l’avenir, ainsi acculés et violemment mis en présence? Cet impasse n’est-il pas la réalisa tion d’un immense coupe-gorge, où le passé finira par disparaître dans les flots du sang. — E. de Vompery. C’est avec des excitations de cette espèce qu’on prépare les guerres civiles ; c’est avec des déclarations de cette nature, qu’on fait prendre la France en horreur à l’étranger. Le Phare de la Loire est un journal très répandu, publié dans une cité maritime, où toutes les puissances sont représentées par des consuls. Se figure-t-on l’effet produit par la lecture de ces choses sur l’empereur de Russie dont l’al liance nous est si nécessaire ? Voyez-vous d’ici l’empereur d’Autriche prenant connaissance de cet article-manifeste des amis de M. Gam betta ? Quel cabinet en Europe pourrait considérer sans colère et sans douleur ces violences qui excitent les peuples contre leurs souverains légitimes ? Et l’armée donc ? Serait-elle condamnée, même après les désastres d’hier, à compter avec les énergumènes de la paix ? Nos soldats vont-ils assister longtemps à la parade de toutes les vulgarités pacifiques, humanitaires, fraternitaires, et cœtera, et cætera ? Ose-t-on bien nous rebattre encore les oreil les des aspirations nouvelles vers la justice et le bien-être? Que les amis du Phare de la Loire aient soif de bien-être, nous n’y contredirons pas ; mais de quelle justice veut-on nous parler ? C’est à l’aide de cette logomachie qu’on détraque les cervelles de pauvres gens, sé parés de nous, des ruraux, des réactionnaires, par les fauteurs de calomnies. Hélas ! le déma gogue est éternel comme le mal ; il a lui-même une dynastie ; son premier roi fut Caïn. Le démagogue est voué aux guerres fratricides et sa propagande a été si vigilante et si active qu’à un an de distance nous reprenons les ob jurgations d’un écrivain de sens et de patriotisme, que nos lecteurs se souviendront peut-être d’avoir déjà lues< t Ce peuple vous liait d’une haine éternelle ! Et quoi que vous fassiez pour lui, il vous haïra toujours l 11 vous liait parce que vous êtes riches, parce que vous semblez heureux et que l’envie ronge son cœur comme un serpent maudit !... a Créez une industrie ; soyez paternels pour les ouvriers île Paris, élevez leurs enfants, donnezleur des écoles, des hôpitaux, des églises.., et ils vous haïront davantage , parce que votre capital les aura dévorés.

À propos

Fondées en 1843, Les Tablettes des Deux-Charentes furent une parution bihebdomadaire (puis trihebdomadaire) vendue dans les départements de la Charente et de la Charente-Maritime. Le journal disparaîtra un siècle plus tard, en 1944.

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