Extrait du journal

Eu Tunisie et eu Algérie. M. le général Saussier vient d’adresser aux habitants de la Tunisie une proclamation en langue arabe, dont voici la traduction : « En ma qualité de commandant en chef des troupes françaises en ce pays, je crois devoir avertir toutes les tribus de la régence de Tunis, que le Gouvernement français, allié au gouver nement de l’illustre et magnanime bey de Tunis, m’a envoyé dans cette contrée pour la pacifier et y éteindre l’insurrection. « En conséquence, les populations qui sont restées jusqu’à présent paisibles n’auront rien à craindre et seront traitées comme amies. « L’armée française respectera scrupuleuse ment leur religion, leurs personnes et leurs biens : elle ne les inquiétera en rien à cet égard. Mais un châtiment sévère sera infligé à tout fauteur de trouble, à quiconque se sera joint aux insurgés, n’aura point écouté un bon conseil, sera sorti de l’état de soumission dû au gouvernement de S. A. le bey de Tunis, aura attenté à la propriété priviée ou commis des actes répréhensibles. « Fait au camp de la Manouba, le 16 octobre 1881. « Le commandant en chef des armées françaises en Tunisie, « Saussier. » La marche sur Kérouan est donc ouverte. « Je vous ai déjà rapporté, — écrit de Tunis au Télégraphe, M. Amédée Le Faure, député républicain de la Creuse et ancien rapporteur du budget de la guerre, — je vous ai déjà rap porté que la ville de Kérouan avait fait savoir qu’elle ne résisterait pas : j’ajoute aujourd’hui que les notables de Kérouan sont ici depuis plusieurs jours et déclarent que les portes sont ouvertes. « Cette fantaisie parisienne et gouvernemen tale de la marche sur Kérouan n’offrira donc ni intérêt ni danger. « Elle coûtera quelques centaines de soldats, que guette la fièvre typhoïde. « Rien de plus. « L’action principale, aujourd’hui, c’ost le sauvetage du ministère; l’opération est non pas retardée, mais jugée impossible ; pourquoi ne renonce-t-on pas à la diversion ? « Je pose la question aujourd’hui : dites bien ceci, dite's-le hautement, hardiment, c’est qu’il faudra rendre des comptes à l’opinion publique à ce sujet. « J’affirme que la marche sur Kérouan n’a, ne peut avoir qu’une utilité : sauver, protéger le ministre de la guerre, amortir les coups qui lui sont destinés. a J’affirme qu’au point de vue de la Tunisie cette opération est désastreuse : ceci, je le prouverai, je l’établirai. Pour le moment, j’affirme que, généraux compris, il n’est pas un...