Extrait du journal
suppression de la liberté d’enseignement, la suppression des vocations ecclésiastiques ? C’est la persécution ouverte, violente, de quelque apparence de légalité que vous prétendiez la couvrir. Dans un langage que vous auriez voulu rendre spirituel, et qui n’est qu’inconvenant, vous par lez de « ces milliers de prêtres multicolores qui n’ont pas de patrie. » Ces prêtres, monsieur, sont au service de vos concitoyens ; du matin au soir, ils instruisent les enfants, soignent les malades, consolent les pauvres. Vous n’avez pas plus le droit do vous occuper de la couleur de leur habit qu’ils n’ont l’intention d’examiner celle du vôtre. Us sont citoyens au môme titre que vous ; ils ont, comme vous et vos amis, le droit de se réunir, de vivre ensemble, do prier et de travailler en commun. Leur patrie est la Franco, et leur nationalité est certaine. Que voulez-vous de plus, et de quel droit mettriezvous la main entre leur conscience et Dieu ? Citons aussi ce passage : Vous-môme, monsieur, n'avez-vous pas été élève d'un petit séminaire ? Vous étiez-vous jamais aperçu qu’on eût tenté sur votre per sonne ce que vous appelez « l’exploitation de l’ignorance ? » Le citoyen Gambetta ancien séminariste 1 c’est là une vraie trouvaille. Voici la conclusion de cette lettre épiscopale : En tout cas, nous sommes avertis ; et dès ce moment vous nous autorisez à nous tourner vers les catholiques pour leur dire : « Voyez ce qui vous attend : ces hommes qui parlent de cléricalisme et d’ultramontanisme pour masquer leurs des sins, c’est la religion môme qu’ils veulent dé truire, en lui enlevant l’une après l’autre toutes ses forces et ses institutions. Vos libertés, ils en feront litière, vos droits, ils n’aspirent qu’à les supprimer. Ordres religieux, enseignants ou hospitaliers, écoles chrétiennes à tous les degrés, rien n’échappera à leurs mesures d’op pression, dès l’instant qu’ils ne trouveront plus devant eux- d’obstacle légal. Enfin, pour ache ver l’œuvre de destruction, ils arrêteront los vo cations ecclésiastiques à leur début par l’obli gation du service militaire, et, faute de prêtres, le ministère paroissial deviendra impossible. Et toutes ces iniquités, ils comptent les opérer jusqu’au bout sous le couvert de la légalité. Eh! grand Dieu ! y a-t-il eu, dans l’histoire, une seule persécution religieuse qui ne so soit parée de ce nom ? La Convention, elle aussi, se nommait l’ordre légal ; et nos places publiques sont encore là pour rappeler à tous comment elle l’appliquait. Uno fois sur la pente do la violence, et dans un pays comme le nôtre, qui peut prévoir où l’on s’arrêtera ? Que tous les catholiques veuillent bien réfléchir à la situation qu’on leur annonce, et sérieusement, et à temps. On assure, d’autre part, que Mgr Dupanloup, évêque d’Orléans, fera paraître, lui aussi, d’ici à quelques jours, une réponse aux provo cations haineuses de M. Gambetta. Les feuilles radicales se déchaînent, bien en tendu, contre l'évèque d’Angers, qui a osé élever la voix pour la défense des intérêts catholiques. C’est toujours la môme histoire : tes républicains veulent avoir le droit de molester et d’insulter le clergé tout à leur aise, mais Us ne veulent pas que 1e clergé se permette de leur répondre. Toujours la liberté, l’égalité, le droit de discus sion, etc., etc. « Sinistres farceurs 1 » comme disait Proudhon, qui tes connaissait si bien. H. Ferrand....
À propos
Fondées en 1843, Les Tablettes des Deux-Charentes furent une parution bihebdomadaire (puis trihebdomadaire) vendue dans les départements de la Charente et de la Charente-Maritime. Le journal disparaîtra un siècle plus tard, en 1944.
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