Extrait du journal

La proposition Legrand. M. Louis Legrand, député de Valenciennes, a déposé sur le bureau de la Chambre des députés une proposition ainsi conçue : La Chambre interdit formellement à ses membres toutes apostilles, recommandations ou sollicitations concernant des intérêts privés. Toute infraction à cette prescription sera pas sible des peines disciplinaires édictées par l'ar ticle 117. L’instruction des infractions sera faite par une commission nommée au début de chaque session par le bureau. Les rapports seront soumis à la Chambre, dans une séance à huis-clos. Cette proposition, est-il besoin de le dire, ne sera pas votée, mais elle est instructive. Ella démontre, en effet, combien nous sommes loin de l’idéal de Montesquieu, qui donnait au régime républicain la vertu pour base. On sent que le député prend sa revanche des ennuis subis pendant la campagne électorale. Avec quelle amertume il se plaint de l’abaissement des mœurs électorales ! Quel amusant tableau il trace des angoisses du malheureux candidat parcourant sa circonscription, el ayant à ses trousses une meute de solliciteurs qu’il ne peut satisfaire ! On peut dire, conclut-il, d’un ton navré, qu’il ne reste pas dans l’ordre officiel un seul terrain que les influences n’aient essayé d’entamer et de conquérir. Ce n’est même pas seulement en vue des fonctions publiques que les députés sont mis à réquisition ; on réclame leurs bons offices pour obtenir des places de toute sorte ou des services absolument privés. Ainsi, la « faveur » a partout remplacé a le mérite, les examens et les concours. » C’est un républicain désintéressé qui l’avoue. C’est égal, il n’y a que les amis pour vous lancer de pareils pavés !...