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L’Hermine, 3 octobre 1848

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L’Hermine
3 octobre 1848


Extrait du journal

Nantes, Mardi, 3 Octobre 1848. Le pouvoir. Dans ce mot est toute la politique des hommes du Natio nal. Pour le pouvoir, ils ont escamote la révolution réforma trice du 23 février; pour le pouvoir, ils ont laissé venir le 15 mai, ils n'ont pas su prévenir le 23 juin ; pour le pouvoir encore, ils étouffent nos libertés; pour le pouvoir, ils suicident la république ! Leur incurie, leur égoïsme mettent en souffrance notte crédit, notre commerce , notre sécurité et notre repos. S'il fallait calculer tout ce que nous coûtent les hommes du National, s'il fallait relever toutes leurs fautes depuis le 24 février, il serait nécessaire de résumer les plaintes quotidiennes de la presse depuis 6 mois ; mais ces plaintes les gênaient, et ils ont muselé la presse. Jetons un coup d'œil sur leurs altitu des politiques. Que le pouvoir ait cru se rattacher toutes les nuances répub’icaines avant le 23 juin , ce fait, s’il n’est pas probable, est cependant possible ; mais que depuis ce temps il ait conservé celte illusion, c’est ce que le pays ne comprendra jamais. Il est de toute évidence que le gouvernement a gardé uuo issue secrète de ce côté ; sans ce double jeu , il eût aban donné le pouvoir apt es le temps strictement nécessaire au rétablissement de l’ordre ; on < ût pu séquestrer la presse mo dérée , parce qu’eu l’accusant de réaction , on donnait par là un nouvel espoir aux théories socialistes, on communiquait uu nouvel élan aux tendances anarchistes ! Ces actes du pouvoir nous ont montré, non pas qu’il crai gnait la réaction de parti, mais la réaction libérale contre sa dictature, l’action conséquente du principe républicain. Les hommes du National ont repoussé ces libertés, parce qu’elles arrachaient une parcelle du pouvoir à leurs mains avides, parce qu’elles enlevaient toute possibilité d'oppression et de terrorisme à leur profit. Pourtant, ce que la presse demandait avant l’état de siég<*, ce qu’elle demandera toujours avec le pays, ce sont les liber tés les plus chè es, ces libertés qui, seules, peuvent contre balancer les inconvénients du régime républicain. En demandant ces libertés , la presse fais ût acte de républi canisme , elle vous aidait dans la tâche que vous disiez avoir entreprise , elle vous indiquait les moyens d’établir solidement les bases de votre édifice , afin qu’il ne vienne pas à s’écrouler sur nous. Un principe , quel qu’il soit, ne vit que dans l’acception pure cl honnête de son essence, en suivant toutes les consé quences qu il entraîne avec lui. Cest ainsi que la presse et le pays ont compris la république, t’est ainsi seulement qu’ils peuvent lui prêter leur appui. La république ne serait-elle donc qu’un moyen entre les mains de tels ou tels hommes, de telle ou telle faction, une échelle pour grimper au pouvoir? n’est-ce que l’arme de l’au dace, et nous répondrez-vous : audaces fortuna juvat? Mais alors comptez-vous, csr la lice du pouvoir est ouverte, et vous compterez [dus d’un champion pour vous disputer la victoire. Si tout au contraire, et nous le désirerions sincèrement que ce fût, le régime républicain est le principe de votre conviction gouvernementale, s’il n’est pas le capital dont vous vous servez pour faire voire fortune, mais bien la semence qui selon vous doit faire le bonheur du pays, acceptez-en généreusement toutes les conséquences, car par elle-même la république n'est vas un but, mais un moyen qui peut ou non faite le bonheur de la nation. Voyons donc si votre conviction vous a guidés, ou si votre népotisme vous a entraînés ? si vous êtes les hommes de la république au profit d’un journal et d’une faction, ou bien les hommes delà république au profit des libertés que vous ré clamiez naguère ?...

À propos

Fondé en 1837 à Nantes, L’Hermine était un quotidien monarchiste légitimiste dirigé par Jacques Crétineau-Joly. Il disparaît en 1850.

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Données de classification
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