Extrait du journal

Nous avons sous les yeux une lettre de Venise, en date du 3 juillet, dont nous extrayons les passages suivants : « Je viens de passer dix jours auprès d’Henri de France, dix jours qui se sont écoulés rapides comme le sont toujours les moments heureux, mais non sans laisser des souvenirs qui ravivent l’espérance. Je ne vous répéterai pas tout ce que je vous ai dit l’an dernier, et ce que vous aurez en tendu dire par tous ceux qui ont eu l'honneur d’approcher Mgr le comte de Chambord ; mais ce que je ne puis me lasser de remarquer, c’est jusqu’à quel point monseigneur a l’intelligence de son temps et des besoins de la France nouvelle. Pour faire allusion à un aphorisme devenu célèbre, on pourrait dire de lui que s’il n’a rien oublié, il a tout appris. Non, il n’a rien oublié de la gloire du passé ! que celle gloire date de Fontenoy ou de Marengo, pour lui elle n’a qu’un nom, C’est la gloire de la France, à ce titre, elle lui est sacrée, et il comprend qu’il doit la garder intacte... Ah ! si la France entière pouvait voir le fils de nos rois comme il m’a été donné de le voir, et comme chaque Fran çais peut le voir et l’entendre » Monseigneur est parti; il y a deux jours, pour Frosdorf, où il doit retrouver sa tante et sa sœur. En le voyant quitter ce petit cercle de Français qui s’était formé autour de lui pour prendre le chemin de l’exil, je ne pouvais me soustraire aux plus tristes réflexions sur l’ingratitude des peuples qui si souvent prononcent l’ostracisme contre les races qui ont le plus contribué à leur fortune et à leur grandeur. » Madame la duchesse de Berri est fixée, ici et elle y fait, avec sa grâce et sa bienveillance ordinaire, les honneurs de Venise à tous les Français qui demandent à lui être pré sentes.... Elle a réuni dans son magnifique palais tout ce que ses amis ont pu sauver pour elle du naufrage de juillet, et on pourrait, en parcourant ses salons, se croire à Rosny ou aux Tuileries. J’avais hier l’honneur de dîner chez ma dame, et en attendant qu’on se mît à table, je visitais les salons dans lesquels on retrouve les nombreux tableaux qu’el'c se plaisait à commander autrefois à nos jeunes ar tistes pour encourager leurs talents. J’ai rencontré là plus d’un nom devenu célèbre depuis, et qui recherche aujour d'hui un patronage qui s’irriterait sans doute très-fort à la vue des toiles sur lesquelles on se plaisait à représenter alors sous toutes les formes la joie dont la France avait élé saisie à la naissance du fils de ses rois.... Mais pourquoi s’étonner de tous ces changements, le monde n’est-il pas rempli de gens qui se tournent toujours vers le soleil levant. » La France, de son côté, publie les deux lettres suivantes : « Venise, 27 juin. ” Plusieurs Français viennent encore d’arriver au milieu d« nous. Nous citerons M. le comte et Mme la comtesse de pCze’iM. Raymond de Seze (ces pieux pèlerins viennent de frobsdorf, où ils out été rendre leurs hommages à l’auguste Fille de Louis XVI), M. le comte de Kergorlay et s°n fils, M. le comte et Mm* la comtesse de Nugent, etc., etc- Hier jeudi, 26, Monseigneur a donné un grand dîner, auquel ont assisté l’archiduc Frédéric, le gouverneur de v enise, M. le consul de Russie, le général comte de Tburn, e Itérai comte de Zicliy, commandant de Venise; le Président du gouvernement comte de Palfly, et plusieurs autres dignitaires. P “ .91! sait flue Son Altesse impériale et royale l’arçhiduc .ne, quoique bien jeune, encore, est à la tête de la “fine autrichienne, cl avec quelle supériorité il remplit...