Extrait du journal

D'abord cette grève générale a abouti, et elle a démontré, par le fait, qu'une grève générale peut aboutir. Je sais bien que le succès de celle-ci ne peut pas se constater par desi résultats matériels et mesurables. Elle, ne se proposait, si je puis dire, aucun objet extérieur à ellemême. Il ne s'agissait point pour le prolétariat italien d'imposer à l'ensemble dui patronat un nouveau régime économique, une réduction de la durée, du travail, une élévation du salaire. Il ne s'agissait pas pour lui d'arracher au gouvernement et au Parlement une réforme conteste©. Et il serait puéril de se dissimuler que, pour peser efficacement ou sur le patronat ou sur les pouvoirs publics, la grève générale devrait être plus fortement organisée encore, et plus prolongée que n'a été la, grève italienne. Cette fois. la grève n'avait d'autre but que de permettre au prolétariat de s'affirmer lui-même. Elle était la manifestation collective d'indignation opposée par la classe ouvrière aux brutales et sanglantes interventions de la force armée dans les conflits du travail. Elle signifiaitaupatronat, auxpouvoirs publics, à l'Italie tout entière ou bien les carabiniers ne, tireront plus sur le peuple des grévistes, et la liberté de la grève sera pleinement assurée, ou bien la classe ouvrière tout entière rappellera à tous, en cessant le travail, en suspendant la vie économique! de la nation, qu'il est insensé, autant que criminel, de brutaliser cette force du travail, cette fo'rce créatrice qui est la force nécessaire comme elle est la force sacrée, et qui n'a qu'à se refuser quelques jours pour que la société tout entière s'abîme dans le vide....