Extrait du journal

II a eu 1a chance de revenir de la guerre sans être trop endommagé. Pour nourrir les gosses quand il était mobilisé, la femme a dû les abandonner pour 'travailler à l'usine. Les petites économies qu'on avait amassées ont fomdu au feu de la guerre. La démobilisation est enfin venue. Il fallait acheter bien des choses à la maison. La prime y a bien .vite p.assé. pendant quatre- ans, il avait, avec des millions d'autres, du fond de sa misère fioueuse et sanglante, fait le serment de parler en maître quand il seràit redevenu libre. Evadé de la discipline militariste, le voilà retombé dans les griffes de la discipline capitaliste du travail: Le voilà, sans le sou, obligé de vendre, au jour le jour sa ,force de travâil créatrice de toutes les richesses pour un salaire misérable, tout juste suffisant pour réparer ses forces et pour entretenir la vie végétative des siens. La révolte comprimée pendant quatre ans d'ignobles tueries a fait éclater irrésistiblement la patience ouvrière en grèves impétueuses, spontanées, impréparées. Sabotée par les organisations réformistes, insuffisamment" servie par quelaues organisations révolutionnaires jeunes et encore inexpérimentées, la Révolution a Hé provisoirement matée par l'armée, la gendarmerie et les lieues civiques, combinant leur action selon les formules savantes des plans de protection contre les.grèves. Nous dénonçons ce complot élaboré dans le secret du 2° Bureau de l'état-major....