Extrait du journal
posé. Non, nous n'avons jamais eu l'optimisme ridicule qu'il nous prête. Non, nous n'avons jamais eu la naïveté de saluer dans la révolution turque, nationale, militaire et libérale, l'avènement du « prolétariat ottoman ». Nous laissons à la bourgeoisie, si intéressée aujourd'hui à se tromper sur tant de choses, cette vaine idéologie et Des contresens historiques. Nous savons combien il est dangereux pour un peuple de ne pouvoir conquérir la liberté que par la force militaire, car elle reste trop souvent à la merci des soldats qui Pont proclamée. Et nous considérons somme un bien inestimable de l'histoire française que les révolutions libératrices y aient été l'œuvre du peuple tui-même. Si l'armée était appelée un jour à intervenir dans le mouvement social de la France et pour une action révolutionnaire, ce ne serait point, je l'espère, comme une institution distincte du peuple, mais parce qu'elle serait enfin le peuple lui-même à l'état d'organisation. La Turquie subit un autre destin, plus hasardeux. Mais le Temps était bien étourdi quand il paraissait croire que ce parti Jeune-Turc, qui avait fait preuve de tant de résolution et de sagesse, s'était évanoui comme un songe. Il paraît bien qu'il est resté la force dominante et la contrerévolution se dissout sans combat. Il est une chose pourtant qui étonne st inquiète c'est l'attitude incertaine et passive du Parlement turc. Peut-être, il est vrai, ne connaissons-nous pas encore exactement le détail des événements et la raison des attitudes. Mais somment ces députés, représentants de la liberté turque, n'ont-ils pas élevé contre l'émeute réactionnaire une parole de protestation? Comment n'ont-iis pas, au risque de périr, dénoncé à ia Turquie tout entière l'infâme besogne des espions et des traîtres ? Comment ont-ils consenti à la démission forcée de leur président Ahmed-Riza, et laissé à. l'armée de Macédoine tout l'honneur de la restauration de la liberté"? En tout cas, ce qui sort des événements, pour tous les Turcs "vraiment amis de la Constitution, c'est une leçon de concorde et de réciproque tolérance. Si le comité Union et Progrès a été trop autoritaire, trop exclusif, s'il a meurtri des amours-propres, s'il a par un nationalisme turc outré, inquiété les Arméniens et les Grecs, il doit comprendre à cette heure qu'il n'y a de 3alut que dans, une politique conciliante et large. D'autre part, les libéraux de l'Union libérale et les Arméniens doivent reconnaître combien il est dangereux pour eux de bouder contre le Comité Jeune-Turc, Union et Progrès. Les libéraux sont enveloppés dans une intrigue de réaction et les Arméniens sont t massacrés comme aux plus beaux jours du sultan rouge....
À propos
Fondé par Jean Jaurès en 1904, L’Humanité, affichait une double volonté : celle de rassembler les militants du socialisme en France, et celle de les renseigner. Sa rédaction, d’une qualité intellectuelle remarquable, a toujours su se défendre contre les attaques virulantes de la presse de droite, notamment de L’Action française, de L’Écho de Paris ou de La Presse. Attaques qui ont toutefois chauffé les esprits de certains nationalistes : on peut penser qu’ils ont même mené – indirectement – à l’assassinat tragique de Jaurès en 1914.
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