Extrait du journal

II y a deux jours, Thomas, dans sa correspondance de Lille, aujourd'hui, Renaudel, dans sa corespondance de Rouen, marquent bien le sens du combat que soutiennent les ouvriers textiles des régions du Nord et de l'Ouest Certes, ils luttent pour obtenir l'application loyale de la journée de dix heures. Ils veulent, selon la promesse même du législateur, qu'à la diminution de la durée du travail, ne corresponde pas une diminution du salaire. Il serait monstrueux que les lois de protection du travail aboutissent à déprimer le niveau de la vie des travailleurs, et qu'ils fussent condamnés à payer au capital,. sur leur maigre salaire, là rançon d'une loi sociale de libération partielle, comme jadis les prisonniers des corsaires payaient la rançon de leur liberté. Et ils ont bien le droit de demander, par des tarifs: nouveaux, une assez large compensation de salaire pour que la loi de dix heures puisse fonctionner sans restriction hypocrite, sans atténuation • frauduleuse. Ce fut, il y a quelques mois, la revendication des ouvriers ,d'Armentières, c'est, aujourd'hui, la re,vendication des ouvriers. de Lille, de -Roubaix, de Tourcoing, de Rouen. Et. malgré les échecs partiels, malgré les ombres, qui se mêlent à une victoire incomplète et trop disputée, c'est bien là le résultat où sJachemine la corporation des ouvriers textiles. La loi des dix heures, avec le maintien large et la garantie certaine du salaire ce sera pour le' prolétariat des filatures et des tissages une sérieuse conquête qui assurera "des progrès nouveaux et dont le bénéfice s'étendra, de proche en proche, au prolétariat tout entier....