Extrait du journal
Ami lecteur, les dépêches de Y Indé pendant vous ont déjà appris que, le 28 octobre, Guillaume II se rendra à Metz, qu’il y aura fête officielle ce jour-là dans la capitale de la Lorraine, et qu’entre la poire et le fromage le grand empereur, plus connu jusqu’à présent par ses excentricités que par ses actions d’éclat, prononcera un discours à sensation. L’indiscrétion d’un de ses secrétaires, M. Choucroutemann, que nous ne nommons pas, pour ne pas le compromettre, nous a mis en possession du texte de ce dis cours écrit en allemand. — Nous vous en donnons la traduction libre : Braves Lorrains, Vous auriez préféré sans doute m’entendre exprimer en français les choses aimables que je vais vous dire ; malgré les nombreuses écoles allemandes que j’ai établies parmi vous, malgré les lois multiples que j’ai portées contre l’emploi du fran çais, cette langue vous est encore plus familière que la langue du ya, et vous avez pour elle le culte qu’ont les en fants pour tout ce qui rappelle la mère absente; mais le français est parlé par un peuple libre, il serait déplacé sur les lèvres d’un monarque autori taire; le français est la langue des nuances, des réserves, des délicates ses, l’allemand convient mieux à l’ex pression des brutalités. Et c’est brutalement, en effet, — les vrais amoureux parlent ainsi — que je vais vous dire combien je vous aime : oui, braves Lorrains, je vous, aime comme le renard aime la poule, comme le tigre aime le mouton, comme le serpent aime l’oiseau, comme l’Allemand aime le Français. Aussi, depuis que je règne par les hasards de 1 hérédité, depuis que vous êtes devenus mes sujets par le droit de la guerre et la raison du plus fort, je n’ai cessé de vous témoigner ma sollicitude : j’ai fait peser sur vous de lourds impôts, j’ai inondé votre pays de fonctionnaires venus des rives de la Sprée qui ont pour vous les mêmes sentiments que moi, je vous ai tous incorporés dans une armée où la dis cipline est à la fois si douce et si in telligente que nulle part les suicides ne sont aussi fréquents. Non content de vous interdire l’usage de la langue maternelle, j’ai à différen tes reprises empêché toute relation entre vous et la France qui vous dé teste comme vous la détestez ; —> rap-...
À propos
Fondé en 1890 à Bourges, L’Indépendant du Cher était un journal dévolu à la cause agricole et ouvrière. Il paraîtra jusqu’en 1915.
En savoir plus Données de classification - goblet
- carnot
- avellan
- charmet
- léon rolland
- seymour
- bacca
- avelane
- a. bourg
- guillaume ii
- toulon
- paris
- france
- europe
- autriche
- cronstadt
- portsmouth
- russie
- italie
- léon
- baccarat
- deutsche zeitung
- agence havas
- parti socialiste
- faits divers