Extrait du journal

C’est en 1889 que l’industriel dauphinois, Aristide Bergès, attacha son nom à la pittoresque expression de « houille blanche », dénommant ainsi la force hydraulique provenant de la fonte des neiges du massif de Belledonne : le faible débit d’une très haute colonne d eau permettait d’obtenir par la garde pression une force considérable. C est en 1894, au cours d’un voyage effectué avec quelques camarades d’une école industrielle, que je vis aux papeteries Bergès, à Lancey, près de Grenoble, la première installation d'une turbine dont les auges recevaient des jets d eau à forte pression, à raison de 250 litres à la set onde. Je garde de cette visite un souvenir ému et reconnaissant et j’ai eu la satisfaction ce voir se généraliser cette merveilleuse application qui ouvrit le Dauphiné et toutes les Alpes à la grande industrie chimique et métallurgique. Et la houille qui avant Bergès n’avait jamais été que noire et sale, une fois « blanchie » dans I esprit des techniciens et des savants, prit toutes les couleurs de l’arc-en-ciel : el e devint bleue pour exprimer la force des maries, inépuisable et incommensurable, qu on n a pas encore domptée, mais dont les premier s projets d’expérience de l’Aber-Vracht autorisent tous les espoirs. La houille verte évoque le moulin à roues de nos ancêtres, transformée depuis en turbine de basse chute ; elle existe dans tous nos fleuves, dans toutes nos rivières de France, mais les « unités » s’exprimait plus souvent en dizaines qu’en centaines de chevaux... aquatiques. Puis on nous a fait entrevoir les mirifiques espérances d’un Sahara producteur d’énergie avec la houille jaune « concentré » de radiations solaires. Enfin, un écrivain psychologue a donné le titre de fouille rouge à un roman de guerre : cette ex|cession devrait surtout convenir aux forces humaines bienfaisantes. celles de la Paix et du Travail. Qu il me soit permis d’ajouter à cette gamme chromatique la houille d’or, qui représente cette force impondérable et illimitée mégissant l’économie universelle : la force du crédit....