Extrait du journal

Nous avons dit que le Sénat avait voté, dans son empressement réactionnaire, le projet de loi sur la provocation à certains crimes et celui relatif aux outrages aux sou verains étrangers et aux ambassadeurs. En ce qui concerne le premier,quoi qu’en aient dit les tartufes du Sénat, c’est une arme contre la presse que cette Assemblée d’invalides a voulu mettre entre les mains du gouvernement; et surtout une arme électorale, car il serait puéril de soutenir qu’il s’agit de la défense des principes so ciaux, derrière lesquels se retranchait le rapporteur, au début de la discussion. Quant au second projet, il aura ce dange reux résultat d’engager la responsabilité du gouvernement; qu’importe! l’intervention de ce dernier sera utile en ce sens, que la presse sera atteinte et frappée. La Chambre né se montrera pas moins énergiquement liberticide,et elle adoptera, n’en,doutons pas, les projets votés par le Sénat. La commission de la presse vient déjà de les accepter. Mais cela n’est pas suffisant. Des députés — on nomme parmi eux MM: Lasserre et Dulau — avaient élaboré une proposition de loi tendant à « punir les calomnies et diffamations sans preuves, du genre de celles qui ont été dirigée» contré la collectivité des membres du Parlement, sans désignation de personnes et justifica tion d’aucune sorte.» L’ex-substitut de procureur impérial Ribot et M. Bourgeois, bouclier de Floquet, avaient approuvé la proposition et promis de la défendre devant la Chambre. Mais ces députés et ces ministres remet tent momentanément leur projet en poche, parce qu’un vieux du Sénat, nommé Monis, a déposé hier une proposition semblable pour laquelle l’urgence a été déclarée....