Extrait du journal

!— Aussi, pourquoi l’encourager, en lui promettant de payer ses dettes? — Il faudrait donc lui couper les vi vres? Je doute fort que cet expédient réussît. — Peut-être, en tout cas, ce serait un service à lui rendre. Au fait, c’est vrai, je vais lui écrire qu’il est doublement ingrat envers sa cousine pour le bien qu’elle lui veut, et envers moi pour le peu de cas qu’il pa raît faire de mon invitation. S’il a un peu de cœur— continua M. de Prinac, simulant un sourire — il sera ici dans deux jours. Il aurait pu dire à sa femme qu’il avait de bonnes raisons pour lui promettre l’arrivée de celui qu’elle désirait revoir. Dans la matinée, il était allé à Avignon jeter lui même à la poste une lettre dans laquelle il enjoignait à la danseuse de ne pas retenir plus longtemps d’Alzan. X ' Depuis que sa femme lui avait annoncé qu’elle lui donnerait bientôt un héritier, le comte, dévoré par une rage sourde, avait senti faiblir en lui sa bonne résolu tion de ne pas hâter sa vengeance, afin que le jour où elle éclaterait, elle fût telle qu’il la vouî.ait. Cette fois il s’étàit prouvé à lui-même que l’aveu fait par la eomtôSsë était une raison de plus pour qu’il se montrât sans pitié; mais il ne pouvait plus endurer son supplice de chaque jour. Et puis, il était las de cette vie de mensonges qui n’était pàs faite pour lui....