Extrait du journal

Il me paraît improbable que l’an née qui s’ouvre voie se continuer les horreurs de celle qui vient de finir; Les chacals qui se sont abattus sur la France, sous la haute protection et avec tous les encouragements des Brisson, des Dupuy, des Freycinet et des Lebret, ont trop compté sur leurs forces. Ily a un moment où l’impunité se change en expiation. Les drôles ont tendu à la rompre la corde de la trahison, de la corruption et de la vénalité; si bien qu’en effet la voilà presque rompue. L’an 1898 aura été sinistre, mais il aura tout de même été utile, en ce qu’il aura ouvert les yeux des plus récalcitrants sur ce que la nation: est en droit d’attendre de la probité et du patriotisme du ramassis de far ceurs qui s’intitulent fastueusement les « pouvoirs publics . Chargé de défendre l’armée, Frey cinet la trahit. Chargée de faire triompher la justice, la Cour de Cas sation la vend au plus offrant et der nier enchérisseur. Les ministres sont aux ordres d’un traître qui dirige en personne, du haut d’un rocher de la Guyane, la révision, d’un procès d’où il est sorti condamné à la dépor tation perpétuelle. Et quand la distance qui le sépare de ses complices du Palais de Jus tice l’empêche de leur dicter leurs considérants et leurs arrêts, il dé lègue auprès d’eux un faussaire qui, bien que sous le coup d’une accusa tion infamante, vient tous les jours parader, le cigare aux lèvres, dans les pièces spécialement et luxueusement aménagées pour lui. Eh bien! c’en est trop. Comme Reinach qui, insuffisamment brave pour s’attaquer aux vivants, s’offre le luxe d’insulter un mort et finit par se faire traîner en cour d’assises par la veuve du défunt, les truands qui, lestés par l’or du Syndicat, se sont attelés à la défense de Dreyfus, en sont arrivés à surmener l’opinion publique. Elle paraît aujourd’hui décidée à mater la canaille dont tous les nouveaux millions de la juiverie -i- les quarante-deux autres étant déjà mangés — ne retarderont que de bien peu l’exécution. Déjà, aux saltimbanques qualifiés « d’intellectuels » ou « d’esthètes » et qui, sous prétexte qu’ils font des vers de quatorze pieds et demi, S8 croient obligés de proclamer Dreyfus innocent, une ligue d’hommes non intellectuels, mais simplement intelli gents, oppose, sous le nom de La pa trie française, les droits de la France...