Extrait du journal

suivant, qui ne valait certes pas un long poème : Teinte au sang d’AdoDisde vermeilles couleurs, La Rose offre aux regards un pourpris magnifique:, Le Lys, royal orgueil du jardin héraldique, Eclate, triomphal, parmi les autres fleurs ; Quand la Tulipe s’ouvre & la rosée en pleurst Devant son riche écrin, toute richesse abdique. — Le Réséda n'a point ces beautés; et, pudique,Ilumblc, il se cache, — plante aux chétives pâleurs. C’est pourtant cette fleur grêle que je préfère; J’en garde un brin avec amour, avec mystère. Mieux que vous, ô Tulipe, ô Rose, ô Lis nacré! Il sait ravir mes sens ; car son parfum, — dictante Vaporeux — se transforme en souvenir sacré, Et, san3 fin l’émhaumant, s'infiltre d&nB mon âme. Lucien glissa cette élucubration dans une enveloppe sur laquelle il écrivit le nom et l’adresse d’Eva Bajdus. Puis, il chargea un commissionnaire de déposer lettre et pot de fleurs chez le concierge. Il n’avait point signé ; c’était bien inutile. Hâtons-nous d’ajouter, pour ne pas faire tort à notre héros dans l’esprit de nos lecteurs, que Lucien Gérard avait écrit des vers beaucoup meilleurs que ceux qu’il venait d’improviser à l’Intention d’Eva. Du reste, à peine eut-il envoyé fleurs et sonnet qu’il s’en repentit presque. N’était-ce pas bien audacieux? File en serait irritée, peut-être? Cette idée qu’il risquait de déplaire à Eva le remplit <1® terreur... Quand un homme tremble à ce point de mécontenter une femme, il ne peut plus guère se faire d’illusions sur fa na-...