Extrait du journal

haussement d’épaules. Entre le pont de Chennevières et le pont de Bonneuil, au sud-est de la boucle de Saint-Maur, une équipe construit une digue de moellons en robés de ciment. Cela ne rassure guère les uns', cela fait enrager les autres : —... Les gens « chics » sont servis les pre miers ! La Pic. Je demande à une brave femme qui secoue un tapis à la fenêtre de son petit pavillon face au quai de Bonneuil: — Vous étiez inondés en janvier dernier? Elle lève les bras : — Ah ! Monsieur.. — Avez-vous touché un se"cours ? — Des messieurs bien polis sont venus >me voir après le désastre. Faut aller à la mairie, ma, brave femme, vous toucherez une indemnité. Ils pataugeaient dans l’eau, ils avaient l’air ému. — Alors ? vous êtes allée à la mairie. — Oui, pour toucher vingt francs : le prix d’un sac de charbon, avec une consolation en guise de supplément : •« Que voulez-vous, habiter au bord de l’eau, ça a son bon et son mauvais côté ! » Pour réparer dans une certaine mesure, insuffisante, hélas, les dégâts causés par l’inondation, la Chambre des députés vota, le 10 janvier dernier, un secours de quinze millions pour les sinistrés de la Seine, de l’Océan, du Var, etc... Sur ces quinze millions, trois millions seulement ont été distribues. Le reste est retombé dans le domaine public. Pourquoi? — Faute de parties prenantes, a,répondu le ministre des Finances d’alors. Le SI mars dernier, la Chambre'vota , à nouveau ces crédits, mais le Sénat se refusa à les ratifier. Telle est la situation. S’il n’est pas possible de faire supporter par l’Etat une charge nouvelle que les inon dations menacent de, rendre périodique, en core eut-il été souhaitable, puisque des cré dits furent votés, que leur, répartition fût faite immédiatement. Le geste du Sénat, à l’égard des sinistrés de banlieue* manque, il semble, de logique. Il faut, popr s’en rendre compte, voir la tête que fait une mépagère d'Alfortville ou de Saint-Maur, obligée de se débrouiller après le désastre, et à laquelle on répond : .•— Des crédits vous étâient affectés, oui... mais on en a disposé. Les parties prenantes faisaient défaut...