Extrait du journal
NOTES DE GUERRE Mous avons appris . Il n’y a pas de honte à le dire et à l’écrire il nous aura fallu quatre ans pour apprendre la guerre. Mais, cette fols, ça y est. Et bien. L’epnemi — qui s’y con naît u*r l’avoue en termes clairs. Il dé couvre devant lui un adversaire formidable qui a profité de toutes les leçons, qui a adapté à son génie la longue expérience allemande, qui sait notamment user de la surprise avec une agilité supérieure et qui, ayant réalisé l’unité de commandement, sait lui faire rendre son plein effet. « La situation militaire actuelle, écrivent les Dernières Nouvelles de Munich, est très sérieuse. Ç>n peut même affirmer que, de puis la bataille de la Marne de 1914, elle ne fut jamais aussi grave. » Avec cette différence qu’en 1914 nous re jetions l'ennemi loin de Paris, par un effort irrésistible mais éphémère, tandis qu'au- > jourd’hui nous sommes partis pour une longue lutte, avec des hommes en nombre, avec du matériel en surnombre, avec tout l’entraînement de quatre années, avec la . foi plus solide que jamais dans notre su périorité morale et matérielle. En sorte qu’on peut dire à coup sûr que les premiers fatigués dans cette, rencontre suprême, ce ne ser,a pas nous. Il y a quelque chose de plus consolant : encore que la victoire, immédiate dans le ; spectacle de notre montée « et de leur ; descente : on commence d’apercevoir une vérité évidente .et dont. l’Allemagne, à son tour, sera frappée : c’est qu'elle n’est plus seule à savoir sé .battre, bans cet horrible métier que nous avons dû apprendre par nécessité, par force* l’élève malgré lui est en train de s’égaler au maître, et -sans doute de le dépasser, puisque finalement, c’est à nous et. non à lui que restera l'a vantage. Oui, dès que les peuples libres, et profondément pacifiques de l’Entente ont voulu s’organiser et se concerter pour cette guerre qu’on leur imposait, ils ont montré au monde qu’après tout ils ' sa vaient tenir l'épée aussi haut, aussi ferme que le « seigneur de la guerre ». Et ainsi, se précise un peu plus solide ment dans l'esprit de nos combattants que leur sublime sacrifice ne sera pas, perdu, .que cette guerre pourrait bien être la dernière, qu’ils en épargneront l’horreur à leurs enfants. Car si l’Allemagne n’est plus über ailes, si elle ne détient plus la suprématie dans l’art de la guerre, quel espoir,, quel intérêt aura-t-elle de rouvrir une nouvelle tuerie ? Si avant six mois, un an, elle est forcée de signer la paix avec une Entente formidablement , solide encore et cuirassé© dans sa victoire,; qu'est-ce que l’Allemagne pourrait atten dre d'un nouveau coup aussi lâche, mais connu de nous, éventé par nous ? Là où, quarante ans d© ruse et d’apprêts contre un ennemi surpris et désarmé n’ont pas; réussi, quelle chance lui resterait pour; une nouvelle agression î , Confiance, soldats de Joffre et de Foch, c’est bien pour la paix que vous tra vaillez, pour une paix juste et durable dont aucune guerre ne devra plus sortir, jamais, « LÊQN BAILS*...
À propos
Fondé en 1880 par Eugène Mayer, L’Intransigeant était un quotidien de tendance socialiste. Ce qui ne l’empêcha pas, lors de l’affaire Dreyfus, de se laisser aller à un antisémitisme farouche.
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