Extrait du journal

Je connais des gens qui ne croient pas du tout à la possibi lité d’une guerre et qui pourtant se sont nullement optimistes. La paix les effraie, car selon eux elle sera lourde d’inquiétudes. Le pro blème économique, disent-ils, est présentement masqué par celui de notre sécurité immédiate, mais il n’a pas disparu pour cela. Il se posera plus menaçant que jamais lorsque se sera produite l’accal mie à laquelle nous croyons. Voyez que les prix continuent à monter et que, l’hiver venu, la vie déjà difficile pour tout le monde le deviendra davantage encore. Alors, il ne s’agira plus seulement d’être braves et résolus comme nous Je sommes. IL faudra, de toute nécessité, fournir à la population les moyens de subsis ter. Que fera-t-on ? Ce qu’on fera, je n’en sais rien, mais je sais, en revanche, qu’il y a toujours quelque chose à faire. Et il est certain que le gou vernement pense ainsi, puisque dès maintenant il se préoccupe de prendre des mesures et qu’il a mis la question à l’étude. La tâche qu’il entreprend n’est pas mince, ni facile. Mais il dispose d’un vaste crédit moral et d’une grande liberté. Il est donc mieux placé que tout autre pour fournir des solutions. En tout cas, on est content qu’il s’attelle à la besogne sans y être contraint autrement que par le souci de son devoir, et tone Juste prévoyance!...