Extrait du journal

On arrive là par-le quai des"Orfèvres, au bout d’une voûte. On traverse une salle d’attente qui tient de la serre et du hangar. La porte à droite. Une lumière crasseuse tombe, comme Je soupiraux,- d’un seul côté, à travers quelques vitres sales de liantes fenêtres .:n partie murées. Cela vous a un air de cave et de basse-fosse. Dans l’obscure clarté du* lieu, à mi-hauteur des- murex latéraux, face à- face, le cadran pâle J’une pendule et te buste d’une négresse, celui de ta République sous une • ooussière sacrée. i Une. angoisse vous prend à la gorge Jès qu’on pénètre dans ce repaire de justice. Quels monstres peut-on juger là qui ne méritent pas autre chose que ce décor sinistre ? On attend et des petits bonhommes paraissent, petits garçons ou petites filles : c’est te tribunal pour infants. .• Rien de plus poignant que le défilé, chaque mardi, dans cette lugubre salle, Je ces mineurs délinquants; petits vo leurs ou petits gâte-sauces de la cuisine . sanglante, apprentis assassins sinon dé jà meurtriers. Us comparaissent, pour la plupart, avec des figures d’anges, car ni la faiblesse de l'esprit, la cruauté du cœur, ni le goût du vice ou du sang n’ont encore effacé la douceur du mas que enfantin. Leur vague, accrue de semaine en. se-* maine, déferle entre tes banes de boi*...