Extrait du journal
LES RESERVISTES Voici l’époque où les soldats de l’armée de réserve vont être appelés à faire ce qu’on appelle leur période d’instructiqu militaire durant yingt-huit jours, c’est-àdire un mois. Certes, nous savons que pour avoir* en cas de danger, une armée forte, homogène, prête à marcher et à sé battre le jour où sonnera la mobilisation, il faut s’y préparer à l’avance.' C’est affaire des bureaux militaires d'organiser ces grandes masses d’hom mes appelées à jouer la grande partie sur l’échiquier européen. Nous désirons aussi que chaque soldat, en particulier, soit suffisamment instruit du maniement de l’arme et du service qu’on attend de lui pour que la discipline, mère de la force, ne laisse rien à désirer devant l’ennemi. Mais encore ne faudrait-il pas, par la contemplation du but à atteindre, perdre de vue l’immédiate réalité.des choses. Or, il n’est pas de jour que je -ne reçoive des plaintes motivées sur la façon dont sont accueillies les diverses réclamations des réservistes ou de leurs ayants droit. Un malaise général, presque une crise, semant des misères et des douleurs, sévit à chaque appel. . . Ces hommes, qui ont atteint l’âge adulte, sont pour la plupart mariés, pères de famille, pourvu d’un emploi, d’un tra vail, d’une - fonction sociale, en un mot* qu’il ne leur est pas toujours loisible d’abandonner au premier coup de clairon. Chaque fois, de nombreuses demandes de sursis sont adressées à l’autorité militaire. Parmi elles, je sais bien qu’il en est d’in justifiées et que le caprice ou la paresse ont seuls dictées. Mais combien d’autres sont légitimes ! Un ouvrier, récemment .embauché chez un patron, sait que s’il s’absente’pendant tel mois où le travail va être pressant,il sera remplacé par un autre et qu’il court le risque de n’être plus repris; Un jeune ménage, dont la femme est près d’accoucher,, a pour chef un com merçant qui débute et qui, s’il manque sa saison, c’est-à-dire les commandes à réa liser pour sa clientèle de telle à telle époquè, se voit ruiné sans espoir. Ce mois-ci est le dernier où les travaux du bâtiment vvont encore donner. Un contremaître est chargé d'assurer la ter minaison d’une entreprise. On l’appelle, et s’il part, un -autre prend sa place, et il res tera tout l’hiver sans espérer trouver de nouveaux embauchages. Et pour combien d’employés la période des vingt-huit jours est-elle un prétexte saisi par les patrons pour s’en débar rasser ? ' Je cite ces cas sur mille,parce qu’ils sont parvenus à ma connaissance et que, pour chacun d’eux, l’autorité militaire a opposé un refus à la demande de sursis qui avait été faite. Je sais bien qu’on ne peut contenter tout le monde et concilier les exigences d’une organisation puissante et délicate comme l'armée avec les affaires ou les intérêts de chacun. En tout cas, on devrait tenter de faire ce qui est possible. Et c’est précisément ce qu’on ne fait pas. ' Soyez recommandé, appuyé, protégé par quelque gros et gras personnage, et vous êtes sûr que vos réclamations, si f entai-? sistes soient-elles, seront satisfaites., * ; N’aÿçiç pour. vous .que vôtre, boa droit, expliquez loyalement vos embarras et vos...
À propos
Fondé en 1880 par Eugène Mayer, L’Intransigeant était un quotidien de tendance socialiste. Ce qui ne l’empêcha pas, lors de l’affaire Dreyfus, de se laisser aller à un antisémitisme farouche.
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