Extrait du journal
LES HEURES NOUVELLES L’Amérique L’Amérique nous lâche. Ce n’est pas la première fois, c’est au moins la seconde depuis la conclusion du traité de paix. Le moment est peut-être venu de voir les choses telles qu’elles sont. • Le malheureux président Wilson, que nous avons chargé du poids de toutes nos déceptions, a subi plus qu’il n’a voulu le premiçr reniement. C’est lui, ne l’oublions pas, qui. avait jeté les Etats-Unis dans la guerre. C’est sa volonté persévérante qui embarqua deux millions d’hommes pour la lointaine Europe, et contribua, par cette certitude, à. faire ployer les genoux du vaincu. - . Où les choses se gâtèrent, c’est quand il s’agit d’exploiter la victoire. Ici, nos négo dateurs ne réussirent pas à garder Wilson dans leur jeu. L’Angleterre, plus adroite, avait pris les devants. Déjà, d’ailleurs, l’ha bile propagande allemande manœuvrait contre nous le spectre de l’impérialisme. Si bien que le Sénat américain, désavouant son président, refusa de signer l’accord tripartite qui. était une des garanties pro mises de la paix. Nous n’avons pas exprimé, alors, une plainte ni un regret. Nous nous sommes bornés, entre nous, à déplorer les lois cons titutionnelles américaines vraiment bizar res qui permettaient à M. Wilson d'agir en souverain tout puissant et d'engager sa pa role et celle de son pays, alors que, quelqües mois plus tard, ce pays pouvait nous dire : « Non, je n’ai rien promis ! » Y a-t-il eu, depuis 1ers, une attitude plus déconcertante que celle des Etats-Unis présents à toutes les négociations par un « observateur », mais refusant de signer aux traités ou aux accords, reniant cette Société des Nations qui pourtant était née de leur initiative, refusant d’aller à Gênes, refusant de nous aider à faire, payer l’Alle magne, mais nous réclamant le rembourse ment de nos dettes et le milliard do ses frais d’occupation ? Dira-t-on que l’Amérique veut vivre chez elle et sur elle-même et ne se soucie plus de l’Europe ?Non. Car alors elle qjaurait pas appelé de si loin à Washington toutes les puissances pour leur faire signer des accords dont il n’est d’ailleurs pas sûr que le Sénat américain vote la ratification. La France ne comprend plus. Elle vivait sur un dogme, celui de l’amitié américaine inébranlable. Elle est bien obligée de cons tater que les dernières décisions prises à Washington ne s’inspirent pas d’un esprit particulièrement « amical », Faut-il nous reprendre, nous resserter entre Européens, demander aux Etats-Unis de' se rendre à la logique du toutvou rien? L’Amérique aspire chaque jour davantage à détente laplus grosse part de l’or vivant à la sur face. du globe. Elle croit par là tenir et diriger l’Europe à son gré, sans lui rien devoir en échange. Le calcul ne paraît pas exact, à l’heure même où les esprits les plus réfractaires aux nouveautés en viennent, à n’espérer de salut que dans une politique internationale. L’histoire est con nue du pauvre homme qui se croit riche parce qu’il vit enfermé avec ses sacs,d’or et qu’on trohve un.beau matin mort de faim sur son magot. LEON BAILBY...
À propos
Fondé en 1880 par Eugène Mayer, L’Intransigeant était un quotidien de tendance socialiste. Ce qui ne l’empêcha pas, lors de l’affaire Dreyfus, de se laisser aller à un antisémitisme farouche.
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