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L’Intransigeant, 15 novembre 1918

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L’Intransigeant
15 novembre 1918


Extrait du journal

LES HEURES NOUVELLES Leur retour ' ? Parlons raison. Ça n'est pas amusant. Mais c’est nécessaire. Parce que l’armistice est signé, l’imagination galepe et s'accou tume à l’idée que la guerre est finie. On prononce le mot de démobilisation « Les soldats vont rentrer, les restrictions vont finir » , Avouons que le métier est ingrat qui consista à souffler sur ces brillantes chan delles. Mais pourquoi courir au-devant de désillusions ? Nous tenons déjà ma bénéfice certain, immense : il ne coule plus, sur le front, une goutte de sang français. Vous, Iss femmes, les mamans, vous savez ce que cela veut dire. Et quelle que soit votre im patience de serrer l’absent dans vos bras, vous saurez attendre, en pensant qu'il a cessé de souffrir. Donc, voilà qui est acquis; plus de risque de mort. Une vie plus confortable, plus de garda meurtrière au créneau, dans la tranchée boueuse. Des cantonnements qui no sont plus’ souterrains. Des trains en tiers convoient en ce moment même, en route pour le front d’occupation non plus des obus mais des bois destinés aux abris de cantonnements en plein jour, au grand air. ■ , Je vous entends ; vous dites ; tout cela est fort bien. Mais le retour du soldat fe rait bien mieux notre affaire Il importe d’abord que nos armées victo rieuses aillent occuper en nombre et en force leurs nouvelles lignes. Il est bien peu de combattants qui donneraient leur place au voisin, quand il s’agira, demain, d’en trer à Bruxelles à côté des chers Belges, ou à Metz et Strasbourg en compagnie des braves Américains. Et plus tard, dans quinze jours, pour traverser le Palatinat ou la Prusse Rhénane, en route vers Co blence, Mayence, Cologne. Connaissez-vous des poilus qui voudraient se faire rempla cer ? Les cantonnements de paix une fois pris, la sécurité de l’occupation &tant organisée, il y aura lieu ,de restreindre.aux strictes exigences do la prudence l’emploi des trou pes qui n’auront évidemment plus rien à faire qu’à garantir l’armistice et la paix. On ne s’avance pas beaucoup en assurant que nos soldats seront reçus là en libéra teurs. De plus, tout soldat allemand aura été rejeté alors sur la rive droite du Rhin ; nous contrôlerons les chemins de fer et les transports ; la sécurité de notre occupation sera ainsi assurée pioiné par nos armées quo par. la sagesse avec laquelle elles se ront organisées. Alors, il faudra demander à l’autorité militaire de faire .les sacrifices aux besoins de la vie civile, de la reprise économique de la production intensive. Indiquons par exemple d’un mot un point essentiel : le dépôt d'un .régiment à l’intérieur, c’est le réservoir où il puise pour tenir à jour son effectif décimé par la guerre. La guerre finie, pourquoi le dépôt n’est-il pas vidé aussitôt ? On rencontrera des résistances, notam ment à l’arrière où de très vieux chefs ne veulent pas encore se rendre compte qu’un ordre nouveau est né. C’est à vaincra ces résistances que le Parlement et la presse indépendante devront s'employer. Car sur cette libération comme sur les restrictions, la controverse, hélas î n’est pas finie i LÉON BAILBY...

À propos

Fondé en 1880 par Eugène Mayer, L’Intransigeant était un quotidien de tendance socialiste. Ce qui ne l’empêcha pas, lors de l’affaire Dreyfus, de se laisser aller à un antisémitisme farouche.

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