Extrait du journal

Dans le centre de la France et dans le, Sud-Ouest, et dans une partie du Midi, la coutume de T « accordeur. » existe encore. y Connaissez-vous le curieux emploi de V « accordeur » ? Jean va à la foire'et il y rencontré Paul qui a envie de vendre son veau. Précisément, Jean a envie d’un veau. Depuis des jours et des jours, il pense à l’achat d’un veau. C’est devenu la seule idée de sa .vie. Paul a le désir de se débarrasser de son quadrupède, et depuis des jours il pense au bénéfice qu’il ne va pas man quer'd’en tirer. Jean demande le prix du bœuf en herbe. — 600 francs, dit Paul. Silence. Bras levé vers le ciel; Jean semble dire : — Pourguoi pas mille ou deux mille francs ? Et Paul signifie par son.attitude, cal me, digne, un peu réservée, que quand on est pauvre, avare et miteux, on ne vient pas demander à un homme com me lui, à un fermier de son impôrtàncô et de sa situation, le prix du veau le plus resplendissant de France Jean hésite, et Paul tourne autour du veau. Aucun des deux ne se déciderait jamais à faire un pas en avant ou en arrière, à offrir ou à rabattre vingt francs. C’est alors que l’accordeur intervient. Pierre, s’il s’appelle ainsi, prend Jean I par le coude et Paul par son foulard.' Il les met nez à nez, leur extrait des concessions mutuelles, et l’on tombe d’accord au prix de 520 francs. •; Jean semble dire qu’on lui ôte le peu qu’il avait, et que demain, il faudra tuer ce veau, ce quadrupède si chèreS ment acheté, le manger tout de suite pour avoir de quoi vivre, le dévorer jus qu’aux poils et à la corne des sabots. Paul s’écrie qu’on lui arrache un ami qui lui était plus cher. que sa femme et que ses enfants, et que ce n’est pas le prix de son poil, le prix de son licol bu celui de la corde qui l’attache. Tous dcmx semblent furieux ; mais tojis deux enpejpjbjq,.sont ravis* et ils vont avec Pierre boire ùn ou plusieurs verres, qui vont signer le marché, le rendre bon, et transmettre le droit de propriété. fi: A Paris aussi, il semble qu’il y ait d’innombrables accordeurs, mais on pourrait plutôt les appeler des désaccor’ deïirs. ■ . C’est une chose inouïe que le nombre...