Extrait du journal

Et, s’il le pouvait,quel monstre était donc cet homme pour ne point le faire sans condition? Tout cela trahissait une ma chination ignoble ; mais Eva n’en saisis-' sait pas le fil; sa pensée s’égarait dans ce dédale ténébreux, et ; ses efforts pour en sortir demeuraient vains. De ces réflexions contraires qui se heurtaient dans sa tête, elle ne put tirer aucune résolution. Quel parti prendre? Elle ne savait. Elle se voyait dans une si tuation sans issue. Elle ne réussit qu’à se convaincre de son impuissance. Cela l’ef fraya, au point qu’elle finit par perdre presque le sentiment de ia réalité et tomba dans une sorte de douloureuse prostration. . Ce fut encore la servante qui la tira de son abattement, en ouvrant la porte et en l’appelant. — Quoi 1 dit Eva avec un sursaut. Qu’y a-t-il? • > — C’est deux messieurs qui deman dent à parler àM. Michel Baldus. — A mon frère?... ' — Ils viennent de la part de M.le baron Kopstag... — Ce sont le3 témoins, pensa la jeune fille affolée. — Priez-les d’attendre, ditelle à la domestique, qui se retira. Eva prit son front brûlant dans ses mains et songea qu’il fallait adopter un parti sur-le-champ. En présence du péril immédiat, elle n’hésita pas. Elle se réso lut au sacrifice. Le cœur plein de sanglots, la poitrine oppressée d’un poids étouffant, mais, le front haut et les yeux sans larmes, elle prit une plume et traça fébrilement ceci :...