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L’Intransigeant, 18 juin 1938

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L’Intransigeant
18 juin 1938


Extrait du journal

SI j’en crois les commentaires auxquels a donné lieu le discours que j’ai prononcé à Gray dimanche dernier, il n’est pas inutile de le préciser au moins sur deux points. D’abord la destruction des accords de Stresa. Tant qu’ils existaient, aucun risque de guerre sérieux ; là-dessus, tout le monde est d’accord. Qui en bénéficiait surtout ? La France, * qui, inquiète du réarmement intensif de l’Allemagne, pouvait, le cas échéant, librement ramener sur sa seule frontière menacée toutes ses forces du bassin méditerranéen. Il était (il est toujours) bien évident qu’une brouille avec l’Italie paralyserait sur place des forces dont l’appoint sur la frontière du.Nord;g^ Jiai.t-et reste.auplus haut point désusable. ~ C’était le devoir du ministre de la Guerre de le dire. J’ai fort peu de goût pour me mettre en cause ; je n’en ai jamais eu aucun pour ne pas faire ce qui m’est apparu être mon devoir. M. Léon Blum, qui explique à sa manière cette affaire délicate des sanctions, peut tenir pour certain que je l’ai fait à cette occasion. Quant à donner une publicité quelconque aux délibérations du gouvernement dont je faisais partie, ce serait se laisser aller à des confidences qu’il juge justement insolites. Mais, sans trahir aucun secret, je puis penser et dire que, si le plan Laval-Hoare avait échappé, à Londres et à Paris, au torpillage qui l’a ruiné, nous n’en serions pas où nous en sommes. La France aurait joué heureuse ment alors, entre l’Angleterre I et l’Italie, le rôle de médiatrice I que l’Angleterre joue, en ce moment, entre la France et l’Italie. Mais qui a torpillé le | plan Laval-Hoare et, du même 1 coup, sir Samuel Hoare et M. Laval ? nsuite, vint le « front populaire » et j’ai dit à Gray què cette lourde faute intérieure avait décuplé lès conséquences funes tes de la brouille avec Rome. Pourquoi ? Parce qu’elle avait fait un parti de! gouvernement du « parti communiste », alors et toujours section française de l’Internationale communiste, et, comme tel, soumis à l’obéissance passive et totale aux ordres du Kemintern. « C’est entendu, ai-je ajouté, les communistes sont des Français comme vous et moi ; mais le parti commu niste n’est pas un parti français libre comme tous les autres partis français, desquels nous pouvons nous réclamer, que nous soyons socialistes, radi caux, républicains modérés ou nationaux. » L’Europe entière a réagi contre. L’avertissement venu de Bruxelles aurait dû ouvrir les yeux de tous les Français. Le risque de guerre s’est accru du tort immense que nous a causé dans toutes les capitales l’éta blissement du contrôle du Komintern sur le gouvernement français. t pour aboutir à l’intérieur à quoi ? A une énorme duperie. Voilà un parti communiste, un parti socialiste et un parti radical associés pour gouverner ce pays. Que croyez-vous qu’il va se passer ? ' Eh bien ! voici : d’abord, le parti socialiste déclarera offi ciellement qu’il ne veut pas de l’unité avec le parti communiste parce qu’il ne veut pas être sous l’obédience de Moscou. Ensuite, le parti radical — c’est M. Léon Blum qui le confirme de la façon la plus précise à Royan — refusera de Collaborer au gouvernement avec le même parti communiste. Et, bien que M. Léon Blum ne nous dise pas pourquoi, on peut penser que c’est la même raison qui dicte son attitude au parti socialiste. Et c’est ce pestiféré — le parti communiste — que Ton propose aux républicains modé rés d’accueillir à leurs côtés dans une formation d’union autour du rassemblement popu laire ! Mais que vaut donc ce ras semblement populaire où un des trois partis est excommunié par les deux autres ? Alors, ce qui n’est ni bon ni tolérable pour le parti socialiste ou radical serait bon et souhaitable pour le gouvernement du pays ? C’est cet hypocrite paradoxe, qui a duré deux ans, qu’il faut dénoncer ; il est à la base de nos embarras. Oui, le risque de guerre était nul en 1935 ; oui, il n’est que trop réel, maintenant. C’est en reconnaissant les erreurs qui l’ont rapproché de nous, et en les réparant, que nous retrou verons le sentiment de sécurité de la paix que le « front popu laire » a détruit en nous....

À propos

Fondé en 1880 par Eugène Mayer, L’Intransigeant était un quotidien de tendance socialiste. Ce qui ne l’empêcha pas, lors de l’affaire Dreyfus, de se laisser aller à un antisémitisme farouche.

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