Extrait du journal

Jusqu’à présent, les Polonais sous la domination de l’Allemagne et de l’Autriche ont tenu d’une façon qui. mérite toute notre admiration et toute notre reconnais sance ;/ mais, dans ce journal où nous i n’avons pas l’habitude de nous eacher la tête sous l’aile devant les réalités, nous croyons le moment venu de dire que si les Alliés n’adoptent pas envers la Pologne une attitude très nette, un désarroi se pro duira certainement dans l’opinion publique de nos amis de toujours. Trois ordres de faits pourraient contri buer à créer, en Pologne, ce désarroi moral : ‘ ■Le premier, c’est le document diploma tique qù’ont publié .les maximalistes et qui prétend qu’en mars 1917 la Russie avait encore liberté complète pour régler la question de sa frontière occidentale vers l’Allemagne et l’Autriche. Thèse en contra diction formelle avec celle des Polonais, pour qui le statut de la Pologne ne doit pas être réglé‘par une seule puissance ; 2° Le silence des Alliés. Des déclarations ont été faites dans des discours ; mais ce n’étaient pas des engagements formels. Ce qui pourrait rassurer les Polonais sur la volonté de l’Entente, c’est précisément un engagement formel, interallié, et assurant à la Pologne sa seule condition d’indépen dance : l’accès à la Baltique ; 3° L’attitude de certains journaux. On a pu voir, en effet, un journal français ayant une autorité à' l’étranger, — il s’agit du Temps, — soutenir des opinions austropbiles en complète contradiction avec les intérêts polonais. Ces articles du Temps ont été répandus dans toute la Pologne par les soins de l’agence Woiff de Berlin et du « Korrespondenz Bureau » de Vienne. En attendant que les Alliés aient enfin pris officiellement une attitude diploma tique nette, nous tenons à assurer les Polo nais que l’opinion française, du moins, n’a jamais varié et qu’elle réclame toujours le rétablissement de la Pologne avec tous ses droits et toute sa sécurité de frontières....